Au cœur du fandom pottérien : l’évolution du web dans la réception de My Immortal et Manacled

My Immortal Kisekae by MakaAlbarn012 on DeviantArt

Au cœur du fandom pottérien : l’évolution du web dans la réception de My Immortal et Manacled

Soumis par Marion Velain le 07/03/2021
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Si la série littéraire Harry Potter (1997-2007) de J.K. Rowling, véritable phénomène de ces vingt dernières années, a su se faire une place dans la culture populaire grâce à ses adaptations filmiques, ses musées, ses parcs d’attraction et ses multiples déclinaisons de produits dérivés, le monde pottérien continue de s’élargir à travers la pratique de la fanfiction sur internet. En plein essor depuis le début des années 2000, Harry Potter est aujourd’hui le fandom le plus actif, avec un nombre important de fictions qui augmente chaque jour. En l’espace de deux décennies, il est indéniable de constater que le fandom pottérien a évolué, tant à travers les plateformes utilisées qu’en ce qui concerne les fans eux-mêmes, qui ont grandi. L’environnement de la création et la réception de fanfictions ont donc subi de multiples transformations et interrogent ce qu’est le succès dans le monde de la fanfiction.

Cette étude aura pour but de comparer la réception de deux fanfictions de Harry Potter pour comprendre l’évolution de ce fandom à travers la transformation d’internet. La fiction My Immortal (2006-2007) est rédigée durant les années qui marquent la publication des deux derniers tomes de la saga de J.K. Rowling et est mise en ligne par « XXXbloodyrists666XXX », aujourd’hui identifiée comme Tara Gilesbie, bien que l’identité auctoriale soit encore débattue. C’est en raison de sa qualité littéraire très déplorable que My Immortal est la fanfiction la plus connue du fandom, souvent décrite comme « la pire fanfiction jamais écrite ». À l’inverse, Manacled (2018-2019), mise en ligne beaucoup plus récemment par l’autrice SenLinYu, reçoit un franc succès avec plus de 400 000 visites à l’heure actuelle sur le site Archive On Our Own (AO3). Avec plus de dix ans qui sépare chacune des fanfictions, ces dernières sont toutes deux très explicites et notamment connues pour aborder des thèmes sombres et difficiles. Alors dans quelle mesure ces deux fictions sont différentes dans leur réception ? Qu’est-ce qui détermine le succès de ces fanfictions ? La métamorphose du web au XXIème siècle est-elle un facteur de mutation quant à la réception des fanfictions ? Cette étude aura pour objet d’interpréter et d’examiner les transformations qui sont opérées dans le domaine fanique, tout en mettant en avant une redéfinition de ce qu’est le succès littéraire dans le contexte de la cyberlittérature.

Dans un premier temps, il sera nécessaire de comparer la différence dans la conception même de chaque fanfiction, et plus précisément le contexte dans lequel chacune a été écrite pour comprendre la réception qui a suivi la mise en ligne de ces fictions. Ensuite, l’évolution des plateformes et de la diffusion ont contribué à « changer les règles du jeu ». Enfin, l’implication des fans est aujourd’hui essentielle à la longévité d’une série littéraire et se traduit notamment par la transfiction, où chacun participe et interagit grâce à de nombreux médiums.

Il est tout d’abord nécessaire de mettre en perspective la manière dont les deux fanfictions ont été créées, et plus précisément le contexte dans lequel elles ont été reçues, ainsi que ce qu’elles représentent, pour comprendre la réception de ces fanfictions.

            Selon Francesca Coppa, la fanfiction se trouve sur un terrain glissant et est en train de passer de sous-culture à culture, tant elle devient une pratique qui connaît de plus en plus de succès :

Fanfiction has become an increasingly mainstream art form, and fandom itself is moving fast from subculture to culture. More people than ever participate in some form of organized fan activity like reading or writing fanfiction, creating fan art, making fan films or vids, organizing wikis, collecting merchandise, writing meta, doing cosplay – or if they don't do these things themselves, they likely know someone who does[1].

Cette participation des fans dans le monde fictionnel qu’ils chérissent vient justifier l’idée que pour que le fandom s’agrandisse au fur et à mesure, il est nécessaire pour les fans d’avoir à leur disposition matière à étudier, démêler et réécrire. De ce fait, ce n’est pas un hasard si Harry Potter devient l’un des fandoms les plus actifs et qu’il reste vingt ans après toujours l’un des plus grands environnements faniques. Anne Besson, dans son livre Mondes Possibles, mentionne d’ailleurs la grande importance des franchises de type « monde » pour les fans car elles permettent d’explorer l’univers sans fin :

La culture populaire contemporaine est clairement dominée par les textes de type "monde". La plupart des grandes "franchises" médiatiques comme Star Wars, Harry Potter, ou Le Seigneur des Anneaux, se basent sur des romans ou des films dont l'attrait réside dans la profusion de l'invention créatrice et non dans la qualité de l'écriture ni dans la subtilité de l'intrigue, qui se résume la plupart du temps par l'archétype mythique de la quête du héros et par la lutte entre les forces du bien et du mal. Ces mondes fascinent le public parce qu'ils sont si bien imaginés que le lecteur, spectateur ou joueur y trouve toujours quelque chose à découvrir. Pour qu'un monde satisfasse à ce besoin de découvrir, il faut qu'il s'étende à travers toujours plus de médias[2].

D’une certaine manière, My Immortal et Manacled sont la démonstration d’une réelle liberté en ce qui concerne les réécritures possibles et multiples de Harry Potter, puisque ces fanfictions se situent dans des environnements bien différents : l’une est une réécriture qui dérive complètement de l’original, tandis que l’autre prend une tournure dystopique en s’appuyant sur les éléments canoniques bien en place.

Avec le titre My Immortal, l’autrice fait directement référence au groupe de rock gothique Evanescence, qui a connu le paroxysme de son succès au début des années 2000, notamment avec le titre « My Immortal » en 2004. La fanfiction de Tara Gilesbie met en scène un personnage original, Ebony Dark'ness Dementia Raven Way, une adolescente vampire, et sa relation amoureuse avec Draco Malfoy ainsi que leur mission de détruire Lord Voldemort. Melody Strmel, dans son mémoire sur l’auto-insertion en fanfiction comme outil de critique littéraire, explique que l’héroïne s’inscrit dans la lignée des Mary Sue avec tout un imaginaire gothique autour d’elle qui tend à souligner son caractère rebelle :

Ebony Dark'ness Dementia Raven Way has many characteristics of a self-insert Mary Sue. She has a beautiful, uncommon, and mysterious name that has a lot of personal meaning to the author. In this case Tara Gilesbie has given her author avatar a long and complicated name full of dark imagery that reflects her gothic persona. She has an unnatural hair color. Often Mary Sues are born with pink or purple hair, though Ebony clearly dies her hair to further reflect her rebellious nature[3].

En utilisant l’auto-insertion, Gilesbie accentue davantage sa personnalité en l’introduisant dans sa fiction. My Immortal établit une fusion entre le caractère gothique de son autrice et du groupe Evanescence et la qualité littéraire très médiocre du récit : d’une certaine manière, l’autrice semble justifier l’orthographe utilisée de par son mode de vie. Elle note également avant le début du récit qu’une de ses amies l’a aidée pour l’orthographe. En effet, la fanfiction se révèle être surchargée de fautes d’orthographe et d’inconsistances au sujet du monde pottérien, et ce, dès l’introduction du chapitre premier :

AN: Special fangz (get it, coz Im goffik) 2 my gf (ew not in that way) raven, bloodytearz666 4 helpin me wif da story and spelling. U rok! Justin ur da luv of my deprzzing life u rok 2! MCR ROX!
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Hi my name is Ebony Dark’ness Dementia Raven Way and I have long ebony black hair (that’s how I got my name) with purple streaks and red tips that reaches my mid-back and icy blue eyes like limpid tears and a lot of people tell me I look like Amy Lee (AN: if u don’t know who she is get da hell out of here !)[4].

Avec une telle introduction, Tara Gilesbie montre également une immaturité littéraire qui laisse sous-entendre qu’elle est une très jeune femme, qui écrit ce récit sur internet principalement pour l’amusement personnel. Catherine Tosenberger avance l’idée que les fans de Harry Potter, au début des années 2000, sont les premiers à inaugurer le nouveau concept virtuel de la fanfiction et sont donc très jeunes. Un réel clivage se fait alors sentir entre la pratique des zines des années soixante et celle des fans de Harry Potter avec internet :

Not only were Potter fans younger, they were also less experienced in traditional fandom cultural norms. As Harry Potter became the primary “threshold fandom” of the Internet era, there was a great deal of friction in the early years between older media fans, whose behavior codes and expectations were formed in the time of zines, and newer so-called “feral” fans, who had never experienced the mentoring and initiation into fandom that was practically a requirement in the pre-Internet era[5].

Le fandom Harry Potter fait entrer sur la scène de la fanfiction des jeunes gens qui n’ont pas encore acquis les codes plus traditionnels de la pratique et qui, justement, n’hésitent pas à les briser.

À l’inverse, avec Manacled, les fans qui, au début étaient jeunes et inexpérimentés dans la pratique électronique du fandom, ont à présent grandi, mûri et ont développé leurs propres codes. Le lecteur peut ainsi lire sur la page d’accueil de la fanfiction sur le site AO3 que l’écriture a été revue et corrigée par deux autres personnes avant d’être postée, les lecteurs Alpha et Beta. Christine Barcellona, éditrice pour le site internet Swoon Reads et la maison d’édition Square Fish, définit le terme Alpha dans un article sur le web : « The first person you let read your draft is your alpha reader. Your alpha reader is someone you trust, someone close to you who won’t mind reading your not-fully-polished draft and telling you what parts they loved and what parts they didn’t quite understand[6] ». Elle note également qu’après avoir révisé une première fois le texte, c’est au tour du lecteur Beta de donner son opinion en tant que lecteur : « A beta reader could be a writing buddy, a friend, or a family member, but the idea is that they read your manuscript as if they’re a casual reader[7] ». Une chaîne hiérarchique de lecture, d’analyse et de critique littéraire est donc mise en place pour ces fans bien ancrés dans le système virtuel du fandom. Dans Manacled, SenLinYu reprend le récit canonique jusqu’à la conclusion du cinquième tome et y insère ensuite un tournant dystopique où Voldemort a réussi à tuer Harry Potter pendant la bataille de Poudlard et décide de repeupler le pays en réduisant les femmes au rang d’esclaves sexuelles. Très fortement inspirée de The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, SenLinYu n’hésite pas à rappeler son inspiration dans l’introduction de sa fiction. Avec plus de 77 chapitres et plus de 370 000 mots, l’autrice de Manacled dépeint une véritable fresque sociale sombre et s’adonne à ce passe-temps de manière très sérieuse et régulière, avec des chapitres postés chaque semaine. Manacled se révèle être une fiction assurément bien configurée qui ne laisse derrière aucune inconsistance narrative. Pourtant, si le récit est objectivement de meilleure qualité que My Immortal, les deux fanfictions ont toutes deux un succès exemplaire dans le fandom. Si l’on peut parler de succès ici, c’est notamment parce qu’on l’utilise dans le cadre du fandom Harry Potter en particulier, et même de la sous-catégorie Dramione (contraction des prénoms Draco et Hermione, utilisée pour définir la relation amoureuse entre les deux personnages au sein du fandom général) : en somme, c’est un succès de niche dont il est question. En effet, en dehors du cadre fanique, les fanfictions sont loin d’être exceptionnelles et ne sont pas remarquées en tant que textes littéraires. Catherine Tosenberger note d’ailleurs que si l’on conçoit le succès littéraire sur la capacité d’un texte à être publié, alors la fanfiction en général n’aurait jamais de succès, qualité littéraire présente ou non :

Many of the fan stories I love the most—those I find most successful and satisfying on an aes-thetic level—would be near-impossible to publish. Many of the best fan stories (as well as many of the mediocre and the worst) are completely unpublishable for reasons that have nothing to do with nebulous assessments of literary quality, and everything to do with the fact that fanfiction is often so deeply embedded within a specific community that it is practically incomprehensible to those who don’t share exactly the same set of references[8].

En effet, le succès d’une fanfiction n’est possible qu’au sein même de sa niche, c’est-à-dire du fandom auquel elle appartient. My Immortal et Manacled ont été conçues dans des contextes bien différents avec une évolution dans la pratique de la fanfiction dans le cas de SenLinYu, mais on constate cependant que le regard sur la fanfiction et sa position dans le monde littéraire n’a, lui, pas beaucoup évolué. Trop intégrées à une communauté spécifique, les fanfictions ne parviennent à éclore qu’au sein du fandom, et leur succès, bien qu’il soit considérable, reste insignifiant au-delà.

Ainsi, le monde de la fanfiction a subi, ces dernières années, des modifications dans la valeur et le sens esthétique d’une œuvre ainsi que des mutations dans l’évolution des plateformes et leur utilisation pour l’archivage des récits.

            De manière générale, la fanfiction rompt avec les normes littéraires classiques existantes dans le domaine canonique : déjà par sa forme virtuelle, mais aussi par son désir de se mettre en compétition avec le canon. Henry Jenkins note d’ailleurs que la culture de fans est dérangeante, car elle tente de brouiller les limites entre canonique et non canonique : « Fan culture muddies those boundaries, treating popular texts as if they merited the same degree of attention and appreciation as canonical texts[9] ». Il met aussi en rapport le terme de braconnage qu’utilise De Certeau avec la fanfiction pour définir la pratique des fans, qui s’approprient des textes qui ne sont pas les leurs originellement :

De Certeau offers us another key insight into fan culture: readers are not simply poachers; they are also 'nomads,' always in movement, 'not here or there', not constrained by permanent property ownership but rather constantly advancing upon another text, appropriating new materials, making new meanings[10].

De fait, la valeur de l’œuvre prend une toute autre dimension lorsqu’il s’agit de la fanfiction. En rompant avec les codes déjà établis par le canon, la fanfiction se positionne déjà comme nouveauté qui laisse quelque peu perplexe. Dans son œuvre Pour une esthétique de la réception (1978), H. R. Jauss souligne l’importance d’un horizon d’attente, qui passe par la réception, pour comprendre et évaluer la valeur d’un texte. Il défend l’idée qu’une œuvre littéraire n’est jamais réellement originale car arrive avec elle un certain cadre de codes et d’attente :

Même au moment où elle paraît, une œuvre littéraire ne se présente pas comme une nouveauté absolue surgissant dans un désert d’information ; par tout un jeu d’annonces, de signaux – manifestes ou latents –, de références implicites, de caractéristiques déjà familières, son public est prédisposé à un certain mode de réception[11].

En émettant ces idées, Jauss fait également allusion au fait que les œuvres canoniques elles-mêmes ne sont pas toutes des nouveautés absolues, qu’elles ont été inspirées par d’autres œuvres précédentes. Par ailleurs, l’écart esthétique vient s’ajouter à ce système de références fournis par des lectures antérieures. En effet, Jauss propose de déterminer la valeur d’une œuvre en examinant l’écart. Pour lui, une grande œuvre se détermine par sa rupture avec l’horizon d’attente : « La façon dont une œuvre littéraire, au moment où elle apparaît, répond à l’attente de son premier public, la dépasse, la déçoit ou la contredit, fournit évidemment un critère pour le jugement de sa valeur esthétique[12] ». Si le nouveau matériel textuel coïncide avec l’horizon d’attente, alors l’œuvre « se rapproche du domaine de l’art ‘culinaire’, du simple divertissement[13] ». Par conséquent, My Immortal, source de perplexité et d’étonnement car elle s’acquitte des codes conventionnels, pourrait être envisagée, de façon ironique, comme une grande œuvre. Si l’on regarde d’ailleurs les nombreux commentaires de la page web Goodreads qui lui est dédiée, les lecteurs tranchent : d’un côté, les fans sont ahuris qu’un tel désastre littéraire ait pu être écrit, et d’un autre, ceux qui louent l’œuvre pour son aspect totalement décalé et audacieux, comme l’utilisateur Stina qui mentionne : « This is a fucking masterpiece »[14]. Avec internet, les lecteurs font donc face à une toute nouvelle manière de créer, plus libre et moins codifiée qui laisse libre cours à leurs désirs littéraires les plus excentriques. Si bien sûr, My Immortal ne peut pas être totalement considérée comme grande œuvre dans le sens de Jauss car elle n’est pas ensuite reprise par des écrits ultérieurs qui la maintiendraient en classique littéraire, il n’en reste pas moins qu’elle illustre là une réelle mutation dans la façon de représenter le succès littéraire et la valeur d’une œuvre.

            Ces mutations du XXIème siècle par rapport à la valeur des œuvres sont aussi notables dans la manière de comprendre et recevoir les œuvres d’art forgées dans les relations humaines. La fanfiction est avant tout une affaire d’échanges entre fans, entre lecteurs ; les textes sont donc toujours considérés et examinés à travers les yeux des fans. Dans son essai sur l’Esthétique relationnelle, Nicolas Bourriaud met en avant l’idée que l’art contemporain se définit spécifiquement par le social, ou plus précisément comme « interstice social » :

La possibilité d’un art relationnel (un art prenant pour horizon théorique la sphère des interactions humaines et son contexte social, plus que l’affirmation d’un espace symbolique autonome et privé), témoigne d’un bouleversement radical des objectifs esthétiques, culturels et politiques mis en jeu par l’art moderne[15].

Le sens d’une œuvre peut donc varier à travers les époques, et devenir autre chose que ce qu’elle était au départ dans un contexte social spécifique. Avec My Immortal, on peut constater que le support auquel elle était attachée à l’origine (le site internet d’archivage de textes de fans, fanfiction.net) a évolué car la fiction a été effacée puis repostée par de multiples personnes jusqu’à ce qu’un site héberge officieusement la fanfiction. Sur la page d’accueil, le lecteur peut y lire que la personne en charge du site a décidé de recueillir là les chapitres pour qu’ils y restent de façon permanente : « My immortal returns! Seeing as fanfiction has no sense of humour and deleted so many great lulz, this site will be used to host the amazing Tara Gilesbie classic, My immortal[16] ». Plus de dix ans après la publication en ligne du récit de Gilesbie, My Immortal semble encore être un terrain en friche, qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets et qui reste toujours d’actualité dans le monde de la fanfiction. Bourriaud précise également que l’œuvre contemporaine se définit sur la durée, que l’on peut parcourir sur un temps indéfini :

On ne peut plus considérer l’œuvre contemporaine comme un espace à parcourir (« le tour du propriétaire » s’apparente à celui du collectionneur). Elle se présente désormais comme une durée à éprouver, comme une ouverture vers la discussion illimitée[17].

L’importance de la sphère sociale et des rapports humains est donc au cœur de la vision esthétique de Bourriaud et renforce l’idée que les points de rencontre entre lecteurs définissent la valeur du texte et l’esthétique de l’œuvre. 

            Si pour My Immortal, nous constatons que l’œuvre s’est vu éclore dans un terrain de jeu encore très jeune et nouveau qu’était le web, et a su traverser les mutations d’internet et être toujours présente dans le nouveau web, la diffusion de Manacled a été tout autre. Avec les deux fanfictions, nous avons ici des fans complètement différents qui n’ont pas eu la même expérience du fandom Harry Potter. Emily Roach, dans son article sur les différentes facettes du fandom pottérien, explique que les plateformes utilisées ont inévitablement un impact sur la réception des œuvres et la diffusion entre fans :

Some of those who started out operating on older Internet platforms are struggling to reconcile the Tumblr-oriented style of fandom with the way it operated on the journals such as the popular Livejournal, while some who started in Tumblr view the journals as archaic and not particularly user-friendly[18].

En effet, Tara Gilesbie a mis en ligne sa fanfiction sur fanfiction.net, qui aujourd’hui, même s’il est toujours un site d’archivage important, perd fortement de son importance face à AO3. À l’inverse, l’autrice SenLinYu se montre très présente sur Tumblr et interagit très facilement avec les fans. Avec Manacled, on passe à un véritable changement dans la diffusion et la relation entre lecteurs. Le nouveau web des dernières années se veut transparent, où tout est su et tout se fait savoir, et où les réseaux sociaux prennent une place considérable. Poster une fanfiction sur un site d’archivage n’est plus suffisant, il faut savoir échanger à travers les réseaux et montrer qu’on est capable d’échanger et de produire encore. Roach mentionne ainsi que AO3 et Tumblr deviennent à ce jour des incontournables pour les fandom Harry Potter, s’il veut persister à exister :

Unlike in 2007, in 2017 there were viable online alternatives. Besides Tumblr, the fandom archive Archive of Our Own had also boomed and it offered a user-friendly interface that was popular with fandom participants and community moderators. Many big Harry Potter fests and popular writers had already switched to hosting fanfiction on AO3, where the fanworks received heightened feedback, drawing readers in from Tumblr and the journals alike. […] Both Tumblr and Archive of Our Own are now increasingly important platforms for Harry Potter fandom[19].

De véritables mutations ont eu lieu concernant les outils du fandom, et l’utilisation des différentes plateformes ne sont que le reflet d’un système qui évolue avec son temps.

Enfin, l’importance des réseaux sociaux et des échanges entre fans traduisent un véritable engouement pour la transfiction qui définit aujourd’hui le domaine fanique ; si les réécritures d’œuvres canoniques par des fans montrent déjà là l’envie d’aller au-delà de ce qui a été réalisé, les fans entre eux s’investissent, s’engagent et collaborent à travers différents médiums.

            Selon Richard Saint-Gelais, la transfictionnalité se traduit par l’idée de « traversée[20] », car elle est avant tout lié au mouvement dans l’espace et le temps :

 La transfictionnalité est elle aussi, à sa façon, une « machine à voyager à travers l'intertexte » : elle permet aux lecteurs qui aimeraient savoir ce qui arrive après la fin du récit (ou avant qu'il ne commence, ou parallèlement à lui, tandis que le narrateur décrit les agissements de x mais négligent ceux, simultanés, de y) de satisfaire leur curiosité[21].

Certes, cette « machine à voyager l’intertexte » est en fait utilisée par les fans qui s’impliquent dans le développement de la fiction qu’ils chérissent. Pour les deux fanfictions en jeu ici, My Immortal et Manacled, les fans tiennent une place essentielle dans la diffusion des multiples ajouts matériels et médiatiques des fanfictions mêmes. Henry Jenkins note ainsi que la culture de fan va de pair avec la culture participative. Non seulement les fans interagissent et développent alors des rapports interrelationnels entre eux, mais ils participent également à l’évolution des textes, qui traversent les différents médiums[22] possibles :

We participate in something; we interact with something. There is clearly some overlap between the two, so, when someone clicks a button on a social media site, the interface is designed to enable their interactivity, whereas what they post might contribute to a larger process of deliberation and participation within the community.[23]

D’une part, les fans interagissent avec le texte canonique et s’impliquent en créant de nouveaux contenus fictionnels, et d’autre part, dans le cercle fanique même, les fans échangent et explorent les différents horizons que leur procurent les différentes fanfictions : ils s’impliquent dans différents projets pour répondre aux fanfictions écrites. Saint-Gelais, dans une entrevue pour la revue en ligne Vox Poetica avec Frank Wagner, parle ainsi d’« essaimage multimédiatique » pour parler de transfiction, et amorce l’idée d’une participation active dans un monde où tout est encore à explorer :

Pratiquement toutes les questions que j’allais me poser au fil des années trouvaient déjà là, je le réalise maintenant, leur amorce : le refus du modèle opéral fondé sur la correspondance entre une fiction et un texte aux frontières bien nettes ; l’essaimage multimédiatique ; la structuration de cet ensemble non pas autour de l’idée de récit mais autour de celle de monde, un monde dont on puisse, en principe, explorer indéfiniment les divers aspects en y logeant une quantité phénoménale de récits plus ou moins étroitement croisés ; l’appropriation de la fiction par des acteurs, les fans en l’occurrence, qui passaient sans y être invités du rôle de spectateurs ou de lecteurs à celui d’écrivains ; l’orientation pour le moins curieuse de la critique fanique, attachée à des « détails » (comme l’apparence physique des Klingons, variable selon qu’on considère la première série télé ou les développements ultérieurs) dont elle faisait le tremplin de spéculations pour le moins audacieuses[24].

L’implication des fans permet alors aux fictions canoniques d’obtenir une seconde vie, mais elle permet surtout de maintenir l’attention des spectateurs et lecteurs.

            Si la participation des fans de My Immortal est bien différente de Manacled, il n’en reste pas moins que les deux fanfictions sont toutes les deux l’objet de nouvelles appropriations. La fiction de Tara Gilesbie, une des premières fanfictions à l’ère d’internet, est reprise de nombreuses fois dans des vidéos sur Youtube où les fans s’amusent à faire des lectures du récit, souvent appelés dramatic reading. Ces vidéos servent alors de livres audios où le lecteur peut écouter la fanfiction lue par un narrateur qui n’hésite pas à jouer outrageusement avec sa voix, mais aussi voir apparaître à l’écran quelques montages scéniques très modestes, comme par exemple le visage de Draco Malfoy interprété par Tom Felton lorsque le personnage est mentionné[25]. Plusieurs adaptations sur Youtube ont été réalisées pour My Immortal avec des mises en scène toujours très sommaires et simplistes, qui aujourd’hui, rappellent fortement les premières vidéos sur internet, où les amateurs n’avaient pas encore les moyens de développer de vrais décors[26]. À l’inverse, avec Manacled, les fans agissent en adéquation avec leur temps, c’est-à-dire la nouvelle génération d’internet. Avec un fort désir de mettre la fanfiction de SenLinYu au même niveau que le texte canonique de J.K. Rowling, les fans prennent à cœur leur participation active et s’engagent en ajoutant de nombreux éléments à la fanfiction. Avendell, dessinatrice amatrice sur internet, a publié beaucoup de fanart concernant Manacled, jusqu’à ce que SenLinYu elle-même la choisisse comme illustratrice officielle pour sa fiction : « Now illustrated by Avendell[27] », « Update 5/20: Manacled illustrations were created and gifted by Avendell, follow her on tumblr and instagram[28] ». Des bandes annonces ont également été réalisées, ainsi que des enregistrements de lecture de chapitres qui prennent une dimension très importante. En effet, on peut retrouver l’audiobook sur Youtube ainsi que sur Spotify ou encore un nombre prolifique de différentes plateformes. La narration de Audiobooks Warriors[29] devient alors quelque peu l’enregistrement officiel. Manacled provoque un tel retentissement dans le fandom Dramione que quelques fans s’attellent aussi à faire de Manacled un livre relié, qui sort de l’espace virtuel pour venir dans la réalité physique du quotidien. Sur Tumblr, l’abonné(e) omfgreylo présente sous forme de photos la fabrication du livre Manacled[30], avec les illustrations d’Avendell. Contrairement à My Immortal qui reste essentiellement parodiée dans les partages, toujours représentée comme fiction d’un autre temps, Manacled et ses fans semblent avoir l’envie de rivaliser avec l’œuvre originale et de rendre la fanfiction aussi sérieuse que possible.

            L’importance des réseaux sociaux au cours des dernières années dans le domaine de la fanfiction marque finalement et essentiellement un tournant dans les mutations sociétales. A travers My Immortal et Manacled, on peut constater que les sujets et imaginaires abordés sont bien différents. En effet, la fiction de Tara Gilesbie met en avant l’imaginaire du vampire, qui dans les années 2000 connait un véritable essor chez les jeunes, notamment grâce au phénomène littéraire Twilight de Stephanie Meyer. La fanfiction devient pour beaucoup un espace où le tabou sexuel se libère et toutes sortes de fantasmes peuvent faire surface. Henry Jenkins note d’ailleurs que la fanfiction est souvent une réécriture où le lecteur peut découvrir la dimension érotique des personnages : « Fan writers, freed from the restraints of network censors, often want to explore the erotic dimensions of characters' lives. Their stories transform the relatively chaste, though often suggestive, world of popular television into an erogenous zone of sexual experimentation[31] ». La figure vampirique semble alors parfaite pour aborder l’érotisation des personnages, ce qu’explique Antonio Dominguez Leiva dans son article sur le site Pop-en-stock :

La figure du vampire est singulièrement érotisée, en contraste radical avec la tradition populaire qui en faisait un avatar sanguin du simple mort vivant. […] Mais tout n’est plus, hélas, érotique dans cette fascination contemporaine pour le vampire. Son inscription comme ingrédient privilégié de la Fantasy la plus mainstream le mène à délaisser la sexualité überfreudienne dont il ne reste parfois que des vagues traces, telle la sexyness diffuse et goth de ces sagas infantilisantes que sont Underworld ou Blade[32].

Dans My Immortal, le lecteur assiste à des scènes très explicites où les personnages vampires sont certes érotisés mais c’est également une fanfiction qui n’a pas de profondeur au niveau de l’intrigue et reste très simpliste et enfantine malgré ses excès de scènes explicites. En 2018 dans Manacled, c’est un tout autre imaginaire qui se développe : celui du genre dystopique. Inspirée de The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, la fiction de SenLinYu s’impose déjà comme récit choc. Jean-Pierre Picot, dans son article « Féminité et contre-utopie », mentionne d’ailleurs l’œuvre d’Atwood et la définit comme :

Une contre-utopie féminine et féministe, spécifiquement axée sur le pouvoir théocratique masculin, et qui fait éclater la femme en ses trois fonctions définies dans les foyers germaniques d'autrefois, les fameux trois K ; non pas Ku Klux Klan, mais Kirche, Küche, Kinder : église, enfants, cuisine[33]. 98

Hermione Granger devient à son tour, cette fameuse servante écarlate, destinée à enfanter, interdite de toute action (même la lecture). Dans le vingt-troisième chapitre, le personnage ne se voit d’ailleurs plus comme une personne : « When Hermione had finally been dragged out and forced into the breeding program she had become reduced to her function. To Healer Stroud she was a womb. To Voldemort she was a potential source of war intelligence. She was not a person[34] » Dans son article, Picot tente d’expliquer en quoi, ce qu’il appelle féminité et qui s’exprime par de la misogynie, se révèle être une menace possible contre le pouvoir mis en place :

Ainsi cet exposé pourrait-il s'intituler, plus explicitement : « De la misogynie comme dimension essentielle du pouvoir contre-utopique ». Il ne s'agit pas ici, ou pas encore, de déterminer si tout pouvoir totalitaire contre-utopique est nécessairement du genre masculin, mais bien plutôt d'étudier en quoi la féminité apparaît, dans tel ou tel récit, comme la menace virtuelle la plus obstinée que ce pouvoir ait à redouter, et, par conséquent, comme l'entité qu'il convient, prioritairement, de mettre hors d'état de nuire à l'ordre établi[35].

En utilisant le personnage de Hermione Granger comme servante écarlate, l’autrice de la fanfiction ne fait pas un choix anodin, puisque le personnage est notamment connu, reconnu et célèbre pour être la « sorcière la plus brillante de tous les temps » dans l’univers pottérien. SenLinYu met en évidence cette contre-utopie en s’inspirant d’une œuvre qui aujourd’hui évoque des sujets d’actualité et questionne le fonctionnement de notre société. Grâce à la transfiction et le développement du web sur les dix dernières années, les fanfictions My Immortal et Manacled témoignent d’une véritable mutation des genres, des outils utilisés pour partager ses créations et une évolution dans ce que les fans veulent dénoncer.

 

Pour conclure, Tara Gilesbie et SenLinYu ont toutes deux, à leur manière et selon leur temps, marqué le fandom pottérien (et particulièrement la sous-catégorie Dramione pour Manacled). Avec deux approches complètement différentes, les fanfictions ont réussi à se hisser dans l’espace très fermé des fanfictions les plus populaires du fandom pottérien. Manacled, fiction dystopique, triomphe-t-elle davantage que My Immortal de par sa qualité littéraire, ses choix d’influence et sa diffusion multimédiatique phénoménale ? Les critères du succès d’une fanfiction semblent en fait différés selon le moment où elles ont été conçues dans l’évolution du web. Amy Lee, la chanteuse du groupe Evanescence, a récemment expliqué avoir entendu parler de My Immortal, la fanfiction et explique son regard sur cette dernière dans un entretien pour un magazine web :

I think for quite a while I was just unaware of it. And then my cynical, Reddit-loving younger sister who’s also an English teacher, somewhere during the holiday every year when the family’s all together, it’ll come up for some reason. And she’s like, “Wait — you still haven’t read My Immortal?” And I’m like, “No, what do you mean?” She’s like, “You have to. Okay, hold on. Let me read you an excerpt.” And then she’ll pull up her phone and read some awesome paragraph from the craziest, funniest thing ever that makes no sense.

[…] I read I think not quite half of it, but it did have me in tears. I was laughing really, really hard at one point, just because of the nonsense. And then I started asking myself, is this real? I can’t quite tell. I’m totally undecided. Is it sincere? I feel like it started maybe as sincere, but they got in on it and started playing it up for the haters. I can’t tell! What do you think?[36]

 

Plutôt amusée de cette fanfiction qui est ne semble pas pouvoir se mettre dans une case tant sa conception même est mystérieuse, Amy Lee avoue qu’elle n’a pas eu à aller jusqu’au bout de la fiction pour avoir un avis sur My Immortal. Ce mystère éternel qui plane autour de la fanfiction de My Immortal en dit long sur son succès notoire : les fans n’établissent pas leurs critères de gloire sur la qualité littéraire mais sur la postérité de l’œuvre. Entre le web des années 2000 et celui de 2020, un véritable clivage s’est installé et laisse à penser que le fandom évolue avec internet. Si la postérité d’une œuvre est critère de succès, il faudrait évaluer, dans une dizaine ou une vingtaine d’années si Manacled a toujours la côte auprès des fans de Harry Potter, ou si la fanfiction en général est encore la même que celle qui se fait actuellement ou si elle a évolué à nouveau.

 

 


 

Médiagraphie :

 

Corpus :

Myimmortalrehost. (2008). My Immortal returns ! Récupéré de https://myimmortalrehost.webs.com/

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Ouvrages de référence :

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Mémoire en ligne :

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[Vidéo en ligne]. Récupéré de : https://www.youtube.com/watch?v=QhQDSmZ-He8

 




[1] Coppa, F. (2017). The Fanfiction Reader: Folk Tales for the Digital Age. University of Michigan Press, p. 1

[2] Besson, A., Prince N., Bazin. L. (2016). Mondes fictionnels, mondes numériques, mondes possibles : adolescence et culture médiatique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Essais », p. 28

[3] Strmel, M. (2014). Magical Me: Self-Insertion Fanfiction as Literary Critique. Scripps Senior Theses. Paper 486. http://scholarship.claremont.edu/scripps_theses/486, p. 21.

[4] Myimmortalrehost. (2008). My Immortal returns ! Récupéré de https://myimmortalrehost.webs.com/

[5] Tosenberger, C. (2014). « Mature poets steal: Children’s literature and the unpublishability of fanfiction » Children’s Literature Association Quarterly, 39(1), p. 9.

[6] Barcellona, C. (2015, 13 octobre). Ask an Editor : Alpha vs Beta Readers [Billet de blogue]. Récupéré de https://www.swoonreads.com/blog/ask-editor-alpha-vs-beta-readers/

[7] Ibid.

[8] Tosenberger, C. (2014). « Mature poets steal: Children’s literature and the unpublishability of fanfiction » Children’s Literature Association Quarterly, 39(1), pp. 4-5.

 

[9] Jenkins, H. (1992). Textual Poachers : Television Fans & Participatory Culture. New York, Routledge, p.17.

[10] Ibid, p. 36.

[11] Jauss, H. R. (1978). Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, p. 50.

[12] Ibid, p. 53.

[13] Ibid, p. 53.

[15] Bourriaud, N. (2001). Esthétique relationnelle. Dijon, Les Presses du réel, p. 14.

[16] Myimmortalrehost. (2008). My Immortal returns ! Récupéré de https://myimmortalrehost.webs.com/

[17] Op. cit, p. 15.

[18] Roach, E. (2019). « Polyjuice, Potterheads and the Changing Face of Harry Potter Fandom: From LiveJournal to Tumblr ». Fan Phenomena: Harry Potter, ed. Valerie Estelle Frankel, Intellect Ltd, pp. 61-62.

[19] Ibid, p. 68.

[20] Saint-Gelais, R. (2011). Fictions transfuges. La transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 2011, p. 39.

[21] Ibid, p. 55.

[22] Nous utilisons ici l’orthographe « médiums » pour mettre en évidence le pluriel du mot « médium » utilisé comme support ou plateforme intermédiaire. Les termes « médias » et « média » ont été délaissés pour ne pas confondre avec l’usage courant aujourd’hui des médias comme moyen de distribution journalistique.

[23] Jenkins, H., Mizuko, I., Boyd. D. (2016). Participatory Culture in a Networked Era. Cambridge, Malden, Polity Press, p. 12.

[24] Wagner, F. (2012, 20 avril). Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux. Récupéré de : http://www.vox-poetica.org/entretiens/intStGelais.html#_ftn1

[25] TehPogo. (2011,12 février). My Immortal – Part 1 – Chapters 1 to 4. [Vidéo en ligne]. Récupéré de : https://www.youtube.com/watch?v=qdv6Q68EutU&list=PLB68C79C86B664E01

[26] Mediajunkie Studios. (2013, 15 juillet). (MY) IMMORTAL : THE WEB SERIES Season 1 Episode 1 "Enoby Darkness Way". [Vidéo en ligne]. Récupéré de : https://www.youtube.com/watch?v=Zpx_Cf0KCrM&t=40s

[27] SenLinYu. (2018, 27 avril). Manacled. Récupéré de : https://archiveofourown.org/works/14454174?view_full_work=true

[28] Ibid.

[29] The Nooblifer. (2019, 10 juillet). Manacled Chapter 1 | Dramione Fanfiction Audiobook. [Vidéo en ligne]. Récupéré de : https://www.youtube.com/watch?v=QhQDSmZ-He8

[31] Jenkins, H. (1992). Textual Poachers : Television Fans & Participatory Culture. New York, Routledge, p.

175.

[32] Dominguez Leiva, A. (2011, 22 juin). Erotique du vampire contemporain. Récupéré de : http://popenstock.ca/dossier/article/erotique-du-vampire-contemporain

[33] Picot, J-P. (1993). « Féminité et contre-utopie ». Les Cahiers du GRIF, n°47. Misogynies. doi : 10.3406/grif.1993.1874, p. 98.

[34] SenLinYu. (2018, 27 avril). Manacled. Récupéré de : https://archiveofourown.org/works/14454174?view_full_work=true

[35] Op. Cit, p. 88.

[36] Robertson, A. (2020, 20 juillet). I talked to Amy Lee of Evanescence about inspiring the world’s worst fanfiction. Récupéré de : https://www.theverge.com/21328232/amy-lee-evanescence-my-immortal-fanfic-bitter-truth-music-video-interview