Les dinosaures: matrices de mondes imaginaires?

Les dinosaures: matrices de mondes imaginaires?

Soumis par Thierry Jandrok le 25/02/2016

 

Au début, comme l’enfant lors de sa première pantomime, la pièce de théâtre est perçue comme la chose elle-même; les spectateurs humains ne peuvent jamais véritablement passer au-delà cette illusion initiale, parce que le monde est un théâtre que nul ne peut revisiter une seconde fois. (Santayana: 126-127)1

Les dinosaures ont vécu sur notre planète entre 240 millions et 66 millions d’années. Pourtant leurs traces et leurs fossiles fascinent les enfants et de nombreux adultes. Cet engouement repose souvent sur des a priori: le dinosaure est souvent l’indice d’une démesure naturelle alors que la plupart d’entre eux étaient de taille plutôt modeste. Les géants de la préhistoire représentent dans l’imaginaire occidental un retour, par procuration, dans l’archaïque et le monstrueux alors que dans la réalité, ils étaient adaptés à leurs écosystèmes. Les dinosaures symbolisent aussi les origines alors que nombre de leurs descendants, tels que les oiseaux appartiennent à notre quotidien. Pourquoi les dinosaures demeurent-ils la marque du jadis et du mythologique en chacun de nous? Les grands sauropodes ont créé une empreinte imaginaire durable sur la psyché des occidentaux. Leurs traces à la fois diverses et parcellaires découvrent des pans entiers d’un imaginaire de la découverte, de l’angoisse et de l’émerveillement. Du Monde perdu de Conan Doyle à Avatar de James Cameron en passant par Godzilla, l’imaginaire dinosaurien est une matrice génératrice de mondes et d’univers au sein desquels les humains se cherchent et tentent de survivre. Face à de tels monstres, comment mesurer ses peurs et (ré)affirmer sa supériorité? Des solutions existent comme l’anthropocentrisme ou l’anachronisme: c’est ce que nous proposons d’analyser à travers des exemples tirés de la littérature et du cinéma.

 

Les dinosaures et leurs représentations contemporaines: prédation et gigantisme

Certains enfants ont une passion pour l’entomologie. Ils sont fascinés par les insectes sociaux. D’autres, en revanche, préfèrent les lézards carnassiers et les dinosaures. Leur passion épistémophilique est alors paléontologique. Dans l’imaginaire occidental, le petit et le géant sont à la frontière des deux faces d’une bande de Moebius. La ligne de séparation entre l’une et l’autre taille est un trait d’union par lequel passent différentes expressions d’une puissance originelle2 (Pascal Quignard dans Abîmes). Cette puissance partagée par les tout petits et les très grands est sauvage. Si l’on est plus facilement inquiété par ce que l’on identifie comme plus grand que soit, les expressions aussi mystérieuses que minimalistes des bactéries et des microbes ne sont pas moins menaçantes. Les enfants sont à la fois éveillés autant qu’émerveillés par la diversité du vivant. Depuis le dix-neuvième siècle, cet intérêt pour le biologique est relayé par les fictions romanesques, la télévision et le cinéma dans des mises en scène aussi spectaculaires qu’irréelles. L’effet de ces représentations sur l’imaginaire enfantin est d’autant plus saisissant que le cinéma fonctionne comme une projection inconsciente. L’image projetée est l’analogue d’une hallucination contrôlée. Si les adultes parviennent à se détacher des images une fois le film terminé, les enfants, en revanche, absorbent ces contenus comme s’ils avaient toujours appartenu à leur psychisme. Le dinosaure projeté répond, en quelque sorte, aux fantasmes inconscients des enfants. C’est surtout à la fin des années cinquante et au début des années soixante, en pleine guerre froide, que les dinosaures refont surface sur les écrans des salles obscures. Du côté japonais, ce sont les Kaiju et Godzilla (Ishiro Honda, 1954) qui vont naître des cendres nucléaires de la Seconde Guerre Mondiale. Du côté américain en revanche, c’est King Kong de Schoedsack et Cooper (1932) qui ressort sur les écrans en même temps que Godzilla. Ce n’est pas que King Kong soit un dinosaure, mais Skull Island, l’île dont ce gorille géant est issu, est un pays oublié par le temps dont la faune et la flore sont identiques à ce qu’elles étaient durant le Jurassique. Skull Island est un pays oublié par le temps, «A land that time forgot» ainsi qu’un «Pays perdu» (Lost World). Cette ressortie est bientôt suivie par d’autres films  préhistoriques: Le voyage au centre de la terre d’Henry Levin (1959)3, Le monde perdu d’Irwin Allen (The Lost World, 1960)4, Le sixième continent (The Land that Time Forgot, 1975) de Kevin Connor5, puis Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles (The Land Before Time, 1988) de Don Bluth. À la différence des précédents, qui insistent sur la survivance préhistorique, ce dessin animé s’inspire librement de l’épisode du Sacre du Printemps du premier Fantasia de Disney (1940).

Cette fois, nous sommes dans le trope mythologique du départ des juifs de la terre d’Égypte sur fond de menace intersidérale et d’éradication des espèces. Little Foot (Petit pied) et ses camarades devront faire face à la fois aux changements climatiques ainsi qu’à l’ultime prédateur de leur temps; le Tyrannosaure Rex. Ce même scenario est repris douze ans plus tard par les studios Disney dans Dinosaure (2000) d’Éric Leighton et Ralph Zondag et plus tard, par Sur la Terre des Dinosaures 3 D de Neil Nightingale et Barry Cook (Walking with Dinosaurs 3 D, 2013).

Depuis le début du vingtième siècle, toutes les décennies ont connu leurs histoires de dinosaures, jusqu’au premier épisode de Jurassic Park de Steven Spielberg 19936 et dont le quatrième opus est sorti durant l’été 2015. Deux ans auparavant, les Kaiju rencontrent un autre grand mythe, les cyborgs, dans le film de Guillermo del Toro, Pacific Rim. Le combat entre les forces du passé et celles de l’avenir est inégal. La puissance des kaijus dépasse celle des plus gros dinosaures. Il faut dire qu’il s’agit de créatures génétiquement modifiées, entraînées dans un seul but; la conquête! La culture nord-américaine s’attache à la production de représentations du gigantisme préhistorique. Les enfants sont ravis! Hollywood, la machine à rêves, fonctionne à plein régime. La mythologie préhistorique qui traite de la survie des créatures d’avant l’avènement de l’humanité se construit peu à peu dans l’imaginaire collectif. Sous la domination de ces représentations, les enfants découvrent un sens à leur univers pulsionnel.

 

Psychodynamique des influences de l’imaginaire

La pulsion se lie préférentiellement à l’Imaginaire, contrairement au désir qui lie la pulsion au Symbolique. Dans ce registre, la sauvagerie anthropomorphique des dinosaures est la métaphore d’un chaos subjectif primordial7 (Léon Trotsky, «Le futurisme», 1922). Qui qu’ils soient, du Tyranosaurus Rex de Jurassic Park en passant par Godzilla, les sauriens géants issus de notre mythologie constituent des menaces non négligeables pour la société humaine; de la même façon que la naissance d’un enfant bouleverse la structure préétablie d’un couple et d’une fratrie. Dans ce cadre, est-il surprenant de voir des petits jouer aux dinosaures et faire peur à leurs camarades? Le dinosaure c’est celui, ou celle, dont la sauvagerie, autrement dit le manque d’humanisation, fait retour et menace les liens (interhumains). C’est Smaug, le dragon, dans le Hobbit! Le dinosaure est une émanation du marigot imaginaire qui précède la naissance de la subjectivité8 (Giorgio Agamben, 2013). À travers ces représentations préhistoriques, le singulier se confond avec l’espèce. Le dinosaure est littéralement pré-historique, comme on dirait «présymbolique». Il est une expression de la puissance thaumaturgique de la Nature. Ce Pouvoir réduit à néant tous les autres, y compris les prouesses de la technologie. Lorsqu’un sujet s’identifie à l’un de ces monstres, la magie s’opère9 (Bill Waterson, 2014). Le sujet s’empare de cette puissance imaginée et y transporte ses pulsions et ses désirs primordiaux.

Le dinosaure est l’animal qui domine la terre des premiers âges. Il est l’aïeul des ancêtres! Il précède autant qu’il «prédate»! Comme l’enfant qui paraît, le dinosaure constitue une apparition brutale de l’archaïque sur la scène de l’humanisation. À travers la naissance d’un enfant, c’est toute la mythologie familiale qui s’incarne. La naissance d’un enfant et la mythologie, d’un commun accord, traduisent ainsi l’irruption du réel dans le corps de la pensée10 (Gilbert Durand, 1992). Elles lui donnent sens et le métaphorisent. Dans cette opération, la naissance et la mythologie pacifient la violence intrinsèque du réel. Elles font appel à des émotions humanisantes.

Les fictions issues de la mythologie usent ainsi des apories du langage pour créer une réalité alternative rendant compte de la complexité du réel. En ce sens, les métaphores et leur poésie témoignent de l’impossibilité humaine à accéder immédiatement au réel. Face à ce vide abyssal, les humains n’ont de cesse de discourir afin de combler cette béance dans le tissu du symbolique. Border l’imagination de symbolique est le premier pas épistémologique vers une possible compréhension de ce qui sera toujours avant l’homme, avant le langage également.

Dans le silence de la pierre, les dinosaures stimulent, questionnent et finalement déstabilisent les certitudes dogmatiques. C’est dans ce creuset fossilisé d’innommable que naissent les mythes, les religions, les fictions et les sciences. Dans ce registre, le gigantisme des dinosaures, leur longévité et leurs nombreux vestiges n’ont de cesse de poser une terrible question à l’humanité qui se demande, à cette occasion, si, d’aventure, elle règnera aussi longtemps qu’eux sur cette planète? Les fossiles sont des vestiges, des empreintes, des preuves et des témoignages de notre passé phylogénétique. Animaux, végétaux, tous racontent une histoire, la vie, la mort, des déluges et autres événements naturels. Ils sont figés dans le creuset d’une angoisse sédimentaire.

Au-delà du passé, on raconte que les dinosaures étaient les enfants préférés de Gaïa. Leur règne dura des millions d’années. Puis, Ouranos, le dieu des cieux et des espaces intersidéraux, intervient sous la forme d’un astéroïde. L’objet divin s’écrasa sur la matrice de la planète, libérant la voix du Titan. Le règne des dinosaures prit fin dans les suites de cette déflagration divine.

Dans notre monde sécularisé, l’enfant est la production de tous les combats pour la vie, ces guerres, ces épidémies, ces mariages, ces blessures, ces deuils, ces génocides, ces évasions, ces séductions, ces accomplissements, ces exils et ces réunions qui, mis bout à bout, constituent la préhistoire de tout sujet. L’enfant est, à chaque génération, celui qui traverse la préhistoire de ses parents afin d’entrer dans une histoire qu’il ou elle fera sienne, une fois adulte. Il est ce tiers exclu de la relation qui, en guise de parole, grogne, crache et montre ses dents11 (Pascal Quignard, 2004). Il est le prédateur dont la taille de l’Imaginaire se mesure au différentiel entre sa petitesse et la taille de ses parents12 (Michael Crichton, 1990). Curieusement, les petits s’identifient assez rarement à l’apatosaure ou à l’argentinosaure. Ils préfèrent, et de loin, des herbivores tels que le célèbre le tricératops avec ses cornes ou le stégosaure avec ses plaques dorsales et sa queue hérissée de pics ou, mieux encore, des prédateurs comme le T-Rex, le carnosaure ou les vélociraptors, rendus célèbres par le premier Jurassic Park et de Jurassic World, enfin apprivoisés. Les enfants passionnés de paléontologie les aiment tous. Ils ont néanmoins leurs favoris! Dans ce registre, il est important que le dinosaure choisi possède soit des traits de la prédation ou des excroissances aussi agressives que dissuasives. Lorsque l’on n’a pas de pulsion hétéro-agressive active, le mieux est de passer à la défense passive, au cas où.

Pour la grande majorité des adultes, en revanche, les dinosaures sont rangés sur les étagères poussiéreuses du panthéon d’une enfance dépassée. Les sauriens géants appartiennent au registre du refoulement, des représentations réprimées. Ces vestiges antédiluviens sont désormais des objets de science, destinés aux amateurs de sensations fortes, ou aux «nerds» 13. Les dinosaures sont exclus des niches écologiques de la pensée dominante, peut-être à cause des effets spectaculaires que produisent désormais leurs représentations? Les sauriens géants doivent être maintenus dans leur enclos imaginaire. Ils ne doivent jamais dépasser cette frontière que la société occidentale leur impose. Au-delà de cette limite, la pensée est dangereuse. Elle voyage dans les airs sur le dos des ptéranodons ou sur ceux des Mosasaures, au cœur des océans. Là-bas, dans ces contrés refoulées, ces grottes sans sépultures ni peintures rupestres, souffle la matrice mythologique de notre Imaginaire.

Les vestiges préhistoriques sont autant de portes ouvertes sur l’imagination14 (Ray Bradbury, «Fame and Celebrity», 2010). La moindre vertèbre, la plus petite dent, l’empreinte la plus diffuse repousse l’imaginaire dans un passé immémorial. Les dinosaures sont des Mythagos15 des images archaïques, des métaphores poétiques en quête d’interprétations. Leurs formes fossilisées recèlent bien d’autres choses qu’un simple vocable latinisé. L’empreinte des dinosaures est ainsi porteuse d’une science d’avant la science, d’une connaissance sur les articulations de la nature et des écosystèmes qui terrorisent, plus que jamais, nos contemporains. Ils sont les bornes biologiques d’un temps avant les hommes, d’un temps pendant lequel nos lointains aïeux se cachaient dans des trous de souris afin de survivre à la domination des lézards géants.

L’incessante réanimation des dinosaures sur les scènes du spectaculaire marque une forme archaïque du retour des morts16 (Le retour des morts: Imaginaire, science, verticalité, 2010). Les dinosaures appartiennent en effet au bestiaire des défunts qui font incessamment retour dans notre présent; comme si rien n’avait prise sur leur vie, ni le temps, ni la science, ni la technologie. Ce sont des revenants, des figures spectrales, des métaphores de ce qui, halluciné par le psychisme, n’a de cesse de faire retour dans un réel empreint d’un imaginaire collectif plus solide que les murs les plus épais. Hors de leurs territoires mythologiques, les dinosaures nous parlent de notre démesure, mais aussi de notre sentiment profond d’impuissance et de détresse face aux forces d’une nature que nous ne parviendrons jamais à totalement dominer. La complexité de la nature, comme ensemble d’écosystèmes en interrelation, est une fractale dont le chaos apparent masque un ordre dont les articulations nous échappent17 (Isaac et Janet Asimov, «The Tyrannosaurus Prescription», 1989). Plus nous plongerons profondément dans sa structure, plus les figures de l’archaïque dont nous sommes issus réapparaîtront dans nos rêves et nos cauchemars!18 (John Skipp & Craig Spector, 1992).

«Il y a l’univers, et au milieu de sa nuit, l’homme en découvre des parties, se découvre lui-même. Mais il s’agit toujours d’une découverte inachevée.»

Georges Bataille19

 

Bibliographie

AGAMBEN, Giorgio. 2013. Qu’est-ce que le commandement. Paris: Bibliothèque Rivages, 80p.

ASIMOV, Isaac. 1989. The Tyrannosaurus Prescription and 100 Other Essays. New York: Prometheus Books, 323p.

BATAILLE, Georges. 1944. Somme Archéologique II, Le Coupable suivi de L’Alleluiah. Paris: Gallimard, nrf, 252p.

CRICHTON, Michael. 1990. Jurassic Park. New York: Ballantine/Fiction, 416p.

DURAND, Gilbert. 1992 [1969]. Les structures anthropologiques de l’imaginaire: Introduction à l’archétypologie générale. Paris: Dunod, 11e édition, 535p.

GUILLAUD, Lauric. 2010. Le retour des morts, Imaginaire, science, verticalité. Pertuis: Rouge Profond, Collection Débords, 285p.

HOLDSTOCK, Robert. 1985. Mythago Wood. London: Granada, 1985, 320p.

QUIGNARD, Pascal. 2004 [2002]. Abîmes. Paris: Gallimard, Folio, 288p.

QUIGNARD, Pascal. 2004 [2002]. Sur le jadis. Paris: Gallimard, Folio, 336p.

SANTAYANA, Georges. 1923. Soliloquies in England and Later Soliloquies. New York: Scribner’s Sons, 282p.

SKIPP, John, SPECTOR, Craig. 1992. Book of the Dead 2: Still Dead. New York: Bantam Spectra, 320p.

TROTSKY, Léon. 1971. Littérature et Révolution. Paris: 10/18, 500p.

WATERSON, Bill. 2014. Exploring Calvin and Hobbes: An Exhibition Catalogue. New York: Andrews McMeel Publishing, 152p.

WELLER, Sam (ed.). 2010. Listen To The Echoes: The Bradbury Interviews. New York: Stopsmiling Books, Melville Publishing, 336p.

 

  • 1. Notre traduction pour cette citation ainsi que toutes les autres notes en anglais.
  • 2. «L’originel a la double dimension de l’immanent et du passé. Le présent est sans présence. Outopia. Pourquoi ne peut-il pas être? Parce qu’il fut. Le lieu utérin est ce lieu sans lieu (cette poche non terrestre); et pourtant dans le lieu sans lieu nous tous, y vécûmes. La scène que notre corps suppose est outopia; elle n’a jamais été nulle part dans le monde que nous pouvons voir depuis que nous voyons; et pourtant nous résultons d’elle et nous venons de lui.» Gallimard, Folio, Paris, 2004, p. 124. Souligné par l’auteur.
  • 3. Roman de Jules Verne (1864)
  • 4. Ce film, tiré du roman de Conan Doyle (1912) avait connu une première adaptation cinématographique en 1925 par Harry Hoyt.
  • 5. Inspiré par un roman d’Edgar Rice Burroughs publié en 1924. ERB est également le père de Tarzan et de John Carter. Le scénario du film fut l’œuvre de l’écrivain britannique Michael Moorcock, créateur d’Elric le nécromancien, de Corum et bien d’autres personnages de fantasy.
  • 6. Ce film et ses suites furent tirés par l’œuvre de Michael Crichton, très connu pour son approche méfiante des découvertes scientifiques. Le scénario du film fut écrit par David Koepp. Ce premier épisode fut suivi par deux autres; Le monde perdu: Jurassic Parc (Jurassic Park: The Lost World, 1997) et Jurassic Park 3 (2001). Dans les trois épisodes, la référence au Monde perdu de Doyle ainsi qu’à King Kong est très appuyée.
  • 7. «La photographie et la cinématographie, grâce à leur force descriptive, deviennent de puissants instruments d’éducation dans le domaine du travail. Si on ne peut se passer d’un miroir, même pour se raser, comment peut-on se construire ou reconstruire sa vie sans se voir dans «Le miroir» de la littérature?» Dans Littérature et Révolution, 10/18, Paris, 1971, p. 157
  • 8. «L’origine ne cesse jamais de commencer, c’est-à-dire de commander et de gouverner ce qu’elle fait venir à l’être.» Rivages, p.15.
  • 9. «Pour Calvin, les dinosaures sont vraiment réels.» Dans Exploring Calvin and Hobbes: An Exhibition Catalogue, Andrews McMeel Publishing, New York, p.121.
  • 10. «Qu’on le veuille ou non, la mythologie est première par rapport non seulement à toute métaphysique, mais à toute pensée objective, et c’est la métaphysique et la science qui sont produites par le refoulement du lyrisme mythique.» Dans Les structures anthropologiques de l’imaginaire: Introduction à l’archétypologie générale (1969), Dunod, Paris, p.458.
  • 11. «Regardez les bébés qui essaient de vivre au milieu des femmes et des hommes. Ce sont des bêtes très âgées qu’on entoure de soins car elles ne sauraient même pas survivre trois jours si on les laissait seules.» Dans Sur le jadis, Gallimard, Folio, Paris, p.256.
  • 12. «Il décida finalement que les enfants aimaient les dinosaures parce que ces créatures géantes personnifiaient la force incontrôlable de l’autorité qui se penche sur eux. Ils étaient des parents symboliques. Ils étaient fascinants et effrayants comme des parents. Et les enfants les aimaient, comme ils aimaient leurs parents.» Dans Jurassic Park, Ballantine/Fiction, New York, p. 115.
  • 13. Un «nerd» est un sujet dont l’intelligence le pousse à s’intéresser à des sujets auxquels ses contemporains ne songent même pas. En français, on traduirait cette expression par «intello».
  • 14. «J’ai des listes de métaphores que je porte avec moi. Je possède une liste d’environ quatre-vingt métaphores- telles que dinosaure, IBM, MGM, 20th Century Fox- je regarde juste cette métaphore, et je peux alors parler au moins une demie heure à son propos. Cela stimule mon imagination.» Dans Listen To The Echoes: The Bradbury Interviews, Sam Weller ed., Stopsmiling Books, Melville Publishing, New York, p. 84.
  • 15. Les mythagos est la condensation de «myths» et «imagos». Ils sont l’invention de l’écrivain anglais Robert Holdstock qui publia en 1985, le premier volet de l’histoire de Ryhope Wood: Mythago Wood (Granada, London, 1985). Les mythagos sont des créatures mythologiques incarnées, des productions de l’inconscient prisonnières d’un bois dont les limites extérieures bordent un territoire intérieur infini. Ce concept fut inspiré à l’auteur par l’œuvre de Carl Gustav Jung, le psychanalyste suisse.
  • 16. A ce propos, Lauric Guillaud écrit dans un commentaire de l’œuvre de Conan Doyle: «Dans les mondes perdus, ce qui surgit est ce qui survit. Dinosaures, Atlantes ou ectoplasmes, les apparitions ou réapparitions des créatures du passé attestent de la persistance du passé dans le présent.» Rouge Profond, Collection Débords, 84120 Pertuis, p. 229.
  • 17. «Nous aimons le Tyrannosaure Rex. Lui et les siens quittèrent la Terre sans pour autant l’abîmer, et – qui sait – peut-être, qu’à la fin nous partirons de la même façon. L’humanité est bien plus féroce qu’il ne l’était, malgré toutes ses dents, mais il est néanmoins possible que nous soyons assez sages pour rediriger notre férocité contre nos véritables ennemis que sont l’ignorance et la misère.» Dans The Tyrannosaurus Prescription and 100 Other Essays, Prometheus Books, New York, p. 309. Souligné par l’auteur.
  • 18. «Les êtres humains ont besoin de leurs histoires féériques. Ces dernières sont une partie essentielle de nos vies intérieures, autant personnelles que culturelles.» «Introduction», dans Book of the Dead 2: Still Dead, Bantam Spectra, New York, p. 3.
  • 19. «Le coupable», dans Somme Archéologique II, Le Coupable suivi de L’Alleluiah, Gallimard, nrf, Paris, 1944, p. 26.