Voyage au bout de la dystopie néolibérale

Voyage au bout de la dystopie néolibérale

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 31/03/2012

 

Écrit au cœur de la «Grande Récession» économique, Hunger Games (2008) éveille dès son titre le spectre du traumatisme qui le fonde, la paupérisation, voire tiers-mondisation de la «terre de l’opulence», «the land of plenty». Quatre ans après l’adaptation filmique s’inscrit toujours à l’ombre de cette angoisse, véritable retour du refoulé au sein du monde globalisé par l’hyperconsommation.

La scène d’ouverture est celle de la pastorale américaine, sauf que les fermes sont entourées de fils barbelés, commentaire déjà désenchanté sur le grand espace fondateur de la Nation. Tandis que les fermiers désertent le village en une sorte de pèlerinage qui évoque le déplacement de populations asservies, une belle jeune fille fugue un moment dans la Nature pour rejoindre son amoureux et chasser un peu de nourriture afin de subsister. Le garçon évoque la possibilité de la fuite, elle sa futilité. Comme pour lui donner raison un immense vaisseau spatial fait irruption sur leurs têtes, viol brutal du Jardin par la Machine, pour reprendre les termes de la célèbre analyse de Leo Marx1.

Le spectre des camps (notamment dans leur version spielberguienne) se combine ensuite avec le podium et les écrans qui signalent une topique cinématographique du totalitarisme, renforcée par les uniformes aseptisés (sorte de synthèse de THX 1138 et des stormtroopers de Star Wars) et l’aigle impériale du Capitole. Cette déformation évidente du Bald Eagle qui sert de totem iconique dans le Grand sceau des États-Unis d'Amérique incarne la mutation politique du pays: plus proche du Reichsadler nazi, l’aigle ne tient plus de rameaux d’olivier, mais uniquement des flèches (qui sera aussi, symboliquement l’attribut de l’héroïne). L’on saura qu’aux 13 États d’origine que représente le Grand Sceau se sont substitués maintenant 12 districts asservis (le 13e ayant été entièrement rasé en punition à sa rébellion) qui entourent le Capitole tout-puissant, perversion totalitaire de la devise «Et pluribus unum» qui est la pierre de touche du fédéralisme américain.

Pour ce qui est du cataclysme qui amena cette transformation radicale, nous en sommes tout aussi ignorants que les adolescents de cette population asservie, mais cette Amérique en banqueroute semble bel et bien vaincue par ses propres excès (réchauffement climatique, pénurie de ressources, guerres prolongées, appauvrissement brutal des masses). L’on retrouve là les grandes hantises contemporaines condensées en une Amérique tyrannique et post-apocalyptique destinée aux adolescents de l’après-11 septembre et du bushisme à l’agonie.

Par l’intermédiaire d’un film de propagande à la 1984 le spectateur apprend l’origine des Jeux qui remonte à la rébellion du 13e district, matée par un bombardement nucléaire, écho du traumatisme fondateur de la Guerre de Sécession et de la grande peur qui présida à la Guerre Froide. Pour commémorer cette punition exemplaire, et pour maintenir la cohésion sociale en prévenant toute velléité de rébellion, cette tyrannie a recours à une catharsis nationale directement inspirée du «panem et circenses» de la Rome impériale dénoncé par Juvénal et devenue ici le jeu de téléréalité ultime. Une loterie nationale annuelle est donc orchestrée pour désigner les jeunes des différents districts qui, en guise d’expiation, prendront part aux Jeux de la Faim et seront ultimement offerts en «tributs» à l’État, Moloch monstrifié par le jeu des références mythologiques, la saga se voulant une réécriture féminisée du mythe de Thésée2.

La symbolique sacrificielle est rendue, de fait, à sa nudité mythique première (notamment par le choix même du terme «tribut»). L’on sait comment la vulgate anthropologique considère la catégorie du sacrifice comme un des fondements de la société, s’emparant de la violence primordiale pour la domestiquer et la sublimer dans des formes qui rendent possible la paix sociale. Comme le signale René Girard dans son analyse pionnière sur La Violence et le Sacré (Grasset, 1972) cette logique repose en dernière analyse sur le souvenir d’un meurtre fondateur, d’un sacrifice originel (ici devenu la révolte du 13e district); les rites qui en rejouent symboliquement le déroulement ont pour fonction d’en réactiver l’effet pacificateur, transformant la victime en bouc expiatoire, qu’il s’agit de rendre responsable de sa propre persécution.

Le Capitole incarne ainsi une régression à la raison sacrificielle de la Crète primitive du mythe, au moment même où le philosophe français constate le retour du mécanisme sacrificiel, véritable cataclysme symbolique. «Il est difficile pour moi de ne pas me représenter l’évolution actuelle comme une régression, comme un retour inquiétant à ce qui semblait à jamais transcendé», écrit-il à propos de l’offensive néolibérale dans Quand ces choses commenceront (Arléa, 1994) (1994:101). Et il se pourrait bien que ces Jeux de la Faim auxquels sont soumis les districts paupérisés et ghettoïques soient, sous les dehors d’une topique science-fictionnelle sur laquelle nous reviendrons, l’expression d’une extension bien réelle des catégories sacrificielles aux sphères mêmes de l’économie et de la politique qui nous régissent, comme le dénonçaient, en disciples hétérodoxes de René Girard, P. Dumouchel et J. P. Dupuy dans L’enfer des choses (Seuil, 1979). L’exclusion dans les marges de la société de plusieurs de ses membres (les États-Unis en est maintenant à 50 millions de pauvres) transforme ceux-ci en victimes sacrifiables en vertu d’une logique de «l’utilitarisme sacrificiel» qui «est le mécanisme victimaire –l’unanimité retrouvée contre une même victime –rendu transparent, nimbé de la lumière crue du calcul rationnel, et cette clarté même est insupportable» (J. P. Dupuy, 1992:121).

Punir les Pauvres, tel est le titre provocateur de l’ouvrage du sociologue Loïc Wacquant (2004) et telle est la logique sauvage incarnée par le Capitole dans Hunger Games. Tel est aussi, selon Wacquant, l’objectif de la guerre déclarée à cette catégorie de la population dont l’exclusion profite au fonctionnement de l’ordre néo-libéral, basé sur une nouvelle politique de la précarité, qui en développant de nouvelles techniques inédites de gestion de la misère produit à la fois de nouvelles catégories d’exclus et les «politiques sécuritaires» qui sont officiellement promues pour les réguler. Tentation d’une sécurisation autoritaire croissante et dérégulation des marchés vont ainsi de pair, à l’encontre des discours et des mythes idéologiques du néo-libéralisme même, qui opposent l’individualisme et la démocratie capitalistes aux vieilles tyrannies étatiques. Par ailleurs, comme à Panem, l’indifférence construite vis-à-vis des «victimes» (économiques ou autres) participe de façon centrale au dispositif sacrificiel de «l’horreur économique» qui nous régit3.

Le rôle victimaire des masses paupérisées est clairement signalé dans Hunger Games, où, parquées dans des camps, ils attendent résignés le résultat de la loterie qui va décider de leur sort (comme l’on attend de savoir si les usines vont ou non fermer ou les plans de rescousse être votés). La simplicité affichée des costumes vintage, en syntonie avec la vogue rétro du néo-folk et du retour aux sources de l’americana, appuie le dramatisme des visages qui évoquent les portraits des déshérités de la Grande Dépression faits par Walker Evans. Le contraste n’est que plus fort avec le style ladygagaesque de la maîtresse de cérémonie qui préside au tirage au sort des «tributs» adolescents. Ce contraste visuel va incarner de façon caricaturale l’opposition entre les opprimés faméliques des districts et les riches «fashionistas» hyperconsommateurs du Capitole. Le train de haute vitesse lui-même qui mène les élus vers la capitale fait écho à celui qui ouvrait la satire sociale de Il était une fois la Révolution, symbole mobile de l’exclusion.

Ville utopique du Pouvoir panoptique, le Capitole trône au milieu des Montagnes Rocheuses. À la fois Big Government haï des républicains et État policier fasciste dénoncé par la gauche américaine, le Capitole devient la fable parfaite de l’oppression «anti-américaine» (unamerican) qui guette une Amérique post-apocalyptique qui pourrait bien être le miroir déformé de l’après-11 septembre. «Qu'est-ce que le Capitole si ce n'est une métaphore de Washington et de l'impopularité de l'Administration Bush?», s'interroge John Pazdziora.

Mais l’œuvre joue, selon une longue tradition hollywoodienne qui ne veut pas s’aliéner une partie substantielle de son public potentiel, sur l’ambivalence idéologique, ce que souligne ironiquement le Los Angeles Times en recensant les différentes interprétations données au film: «C'est une parabole du mouvement Occupy Wall Street. C'est aussi un récit édifiant d'un gouvernement tentaculaire, le 'Big Government'. Et c'est évidemment une allégorie chrétienne sur l'importance de la quête du Messie». Ou encore, selon la star de Gossip Girl Penn Badgley, «c’est le 1% qui est en train de tuer les enfants. Je pense qu’il faudrait être aveugle pour ne pas voir ça». Pundits, de Fox New, y voit au contraire (mais comment serait-on surpris) une «critique furieuse de notre système politique, dans lequel le gouvernement central s’enrichit aux dépens des taxes des masses»; son camarade James Pinkerton intitule son commentaire «Hunger Games tire une flèche contre le Big Government et le Big Media, touchant dans le mille»: «les gens du peuple sont bons, le gouvernement est mauvais, vraiment mauvais». C’est là le véritable effet d’incertitude (renforcé, comme on l’a vu, par l’ellipse sur l’évolution historique qui a mené vers cette tyrannie) où l’oeuvre se prétend à la fois riche en sous-textes idéologiques et semble récuser tout engagement politique.

Néanmoins la fusion entre le totalitarisme un peu kitsch du Capitole et le sacrifice économique des pauvres ne relève de fait pas tant de la science-fiction que de la transposition fantasmatique d’un système contemporain, bel et bien connu, celui de «l’économie de marché socialiste» de la République Populaire de Chine, ultime fusion des deux formes d’exploitation les plus radicales (totalitarisme politique, capitalisme sauvage). Et s’il peut sembler caricatural d’imaginer les États-Unis s’alignant sur le modèle de leur prétendu rival idéologique, il suffit de constater comment cet Autre est de plus en plus jalousé dans le discours social, de plus en plus insidieux4. Est-ce si difficile à imaginer, dès lors que le marché fonctionne mieux en milieu totalitaire (et de facto néo-esclavagiste), une tentation totalitaire du complexe militaro-médiatico-industriel américain?

Il reste que, de toute évidence, ce roman dystopique a su faire résonner une corde sensible chez les jeunes destinés à un avenir sombre -entre chômage et faillite, guerres extérieures et concurrence féroce domestique– où toutes les utopies dont s’étaient gavés leurs aînés baby-boomers ont été transformées par ceux-ci en pur moteur du nouveau capitalisme de «la révolte consommée». Dans ce pays ghettoïsé, chaque district est spécialisé dans un secteur économique (les mines de charbon, l'agriculture, la pêche...) qu'il livre au Capitole où règne l'«homo festivus» dénoncé par le regretté philosophe Philippe Muray, le citoyen moyen de la post-histoire livré à la surconsommation, la quête de l'éternelle jeunesse et les jeux de téléréalité.

Ses citoyens, habillés à la mode gothico victorienne, sont l’emblème de l’hédonisme décomplexé et agressif des possédants, mutation des yuppies reaganiens en purs parasites de la génération Y chaperonnée par des baby-boomers délétères5. Masse ridicule et efféminée entièrement dominée par les affects que nourrissent les médias tout-puissants, elle accueille les «tributs» avec un engouement hystérique sans jamais réfléchir au tragique de leur situation. Calqués sur les patriciens romains (d’où leur onomastique: Cinna, Octavia, Flavius, etc.) de l’imaginaire hollywoodien de la Décadence impériale, ils réactivent toutefois la vieille symbolique des «Easterners» que l’on retrouve dans toute la mythologie du Western, tout en formant une vision monstrifiée du célèbre 1% dénoncé par le mouvement Occupy.

Les Jeux eux-mêmes sont une combinaison des deux grandes traditions science-fictionnelles, l’arène et la chasse à l’homme. La mise à mort médiatisée est de fait un topos très connu du genre, activé par les satires de la société du spectacle et notamment par le spectre envahissant de la télévision dès les années 1950 (l’œuvre de Sheckley fait ici œuvre de pionnière, avec ses deux nouvelles adaptées au cinéma dans des films culte, La Dixième Victime et Le Prix du Danger). L’on ne fera pas ici la liste de toutes les œuvres qui illustrent cette hantise cynégétique (ce fera l’objet d’autres articles dans ce dossier), mais Suzanne Collins s’attaque surtout à son recyclage (l’ère étant, de facto, dévolue aux remakes et aux réécritures) en vue d’un nouveau public déniché (et, pourrait-on dire, refondé) par Rowling dans sa reprise de la mythologie traditionnelle de la Fantasy et ensuite vampirisé par Stephenie Meyer. De même que celle-ci réinventait l’érotique vampirique pour les nouveaux teens des virginity balls, Collins reprend la tradition dystopique des chasses à l’homme médiatiques pour en faire une tragédie du coming of age en milieu néolibéral.

Héritiers de l’imaginaire gladiatorial légué par les critiques chrétiennes et récupéré par le space opera et les dystopies de l’aliénation mass-médiatique, les Jeux sont inscrits dans le nom même de Panem qui désigne la nouvelle Nation, abrégé du «Panem et Circenses» latin. «C’est mon arène préférée et je trouve ça très excitant» commente le dandy Plutarch alors que défile sur grand écran la scène choc d’un Afro-américain finissant à coups de pavés son adversaire. «Pourquoi avons-nous un vainqueur?» demande le machiavélique président Coriolanus Snow, alors que l’on pourrait tout simplement exécuter pour l’exemple tous les élus. Et de répondre lui-même: «l’espoir est plus fort que la peur, c’est l’idéal tant que c’est contrôlé». «Si vous ne pouvez pas leur faire peur, faites-leur espérer» devient l’adage de ce Prince manipulateur du capitalisme du désastre.

À ce régime de contrôle social à travers la mise à mort divertissante s’ajoute le spectre du pouvoir cynégétique étudié par Grégoire Chamayou dans Les chasses à l’homme (2010). «Les joies de la chasse à l’homme occupent une place particulière dans l’histoire des affects des dominants –une expérience qui mêle de façon complexe cruauté, plaisir et sentiment de puissance. Car la chasse aux fugitifs prenait aussi pour eux l’aspect d’un sport aristocratique» (Chamayou, 2010: 99). Contrairement aux chasses aux esclaves ou aux indigènes, les chasses se font ici par procuration, observées à distance par la télé-vision panoptique, renforcée par toute une série de dispositifs visuels qui incarnent le rêve de surveillance généralisée qui caractérise nos sociétés de l’écran (devenues à Panem véritables sociétés-écran).

Littéralisation de l’adage plautinien du «Homo homini lupus», la chasse à l’homme installe chez ces dominés un rapport d’entre-prédation qui les renvoie à l’état de nature hobbesien6. Elle est alors plus proche, selon la typologie établie par Chamayou de la «chasse xénophobe»: «les chasses xénophobes sont des chasses de mise en concurrence salariale. Leur logique est l’entre-prédation: exploités contre exploités» (2010: 159). «Comme le bourgeois rirait s’il pouvait te pousser contre tes frères de misère, contre tes compagnons de chaîne et préserver ainsi sa peau», écrivait déjà Bernard Lazare s’insurgeant contre l’antisémitisme de Maurice Barrès, auteur d’un opuscule explicitement intitulé Contre les étrangers. Cet effort d’opposer à la compétition qui divise non plus l’exclusion nationale, mais la solidarité sociale fut, on le sait, en vain, puisque toute l’extrême droite de «l’âge des extrêmes» se nourrira de cette stratégie, dont s’accommoderont tant l’antisémitisme nazi que les schémas néolibéraux.

C’est bien de néolibéralisme féroce qu’il s’agit dans les Jeux de la Faim, poussant jusqu’au bout l’idéologie capitaliste du darwinisme social véhiculé par toute une tradition états-unienne7. Dès leur arrivée dans l’arène, c’est un véritable bain de sang pour accumuler les rares ressources qui sont destinées aux tributs, irruption de la violence primitive dans le calme idyllique de la Nature qui n’est pas sans évoquer la théorie marxiste de «l’ère capitaliste à son aurore»8. Par la suite leur entre-prédation systématique prend tous les accents de la concurrence ultime dans le nouveau marché du travail et, partant, les différentes institutions éducatives qui y préparent. La «théorie pure des économies de marché» (encore appelée «théorie pure de l’équilibre général de concurrence parfaite») procède clairement d’un projet inégalitaire comme l’a exposé Jean-Paul Fitoussi, qui, citant le travail de J.L. Coles et P.J. Hammond  «Walrasian equilibrium without survival: existence efficiency and remedial policy» (1995), montre qu’appliqué à la lettre ladite théorie pourrait tout simplement conduire à l’extinction physique des moins aptes9. Cet amalgame entre violence et inégalité structurale est par ailleurs inscrit dans cette guerre «qui n’a jamais eu lieu» et où, pendant neuf ans, des milliers de jeunes défavorisés ont été contraints de s'engager pour pallier à la pauvreté qui les guettait. La référence à la guerre d’Irak, moteur selon l’auteur de l’idée de la saga, prend ici toute son importance10.

La question qui va se poser dès lors pour cette héroïne messianique du «peuple» qu’est Katniss Everdeen sera, au-delà des ambiguïtés de sa propre survie (v. «Katniss Everdeen et les ambiguïtés de la violence»), comment sortir (avec «son» peuple) du cercle infernal de cette dystopie. De fait il s’agira, dans la suite de la saga, de savoir comment extraire radicalement la question de la violence politique de la logique de la vengeance, car, comme dans tout projet de véritable révolution sociale, «il ne s’agit pas d’inverser les rapports de prédation, mais de les abolir» (Chamayou, 2010: 113). Mais comment passe-t-on des Jeux de la Faim à la révolution? C’est la question qui s’adresse désormais à toute une génération de jeunes lecteurs élevés dans la crise constitutive de la «stratégie du choc» néolibérale et qui se tournent, symptomatiquement, vers une littérature «teen-distopyque» (Promise, Divergent, Blood Red Road, etc.) qui, après les ados magiciens et vampiriques, est en passe de se constituer en véritable sous-genre11. À l’instar du masque de Guy Fawkes, le geai moqueur qu’arbore Katniss dans sa broche deviendra-t-il l'emblème de la nouvelle contestation?

 

Bibliographie
Grégoire Chamayou, Les chasses à l’homme, Paris, La Fabrique, 2010
John Clute et P. Nicholls, Encyclopedia of Science Fiction, New York, St. Martin's Griffin, 1995
Jean-Pierre Dupuy Le sacrifice et l'envie. Le libéralisme aux prises avec la justice sociale, Paris, Calmann-Lévy, 1992
Jean-Paul Fitoussi «Démocratie et mondialisation», Revue de l'OFCE 5/2002 (n° 83 bis), 2002
Viviane Forrester L'horreur économique, Fayard, 1996
René Girard, Quand ces choses commenceront, Arléa, 1994
Nicole Guétin, Religious ideology in American politics: a history, Jefferson, NC: McFarland, 2009
Léo Marx, The Machine in the Garden:: Technology and the Pastoral Ideal in America, New York: Oxford UP, 1964
Loïc Wacquant, Punir les pauvres. Le nouveau gouvernement de l’insécurité sociale, Marseille, Agone, 2004

 

  • 1. «Within the lifetime of a single generation, a rustic and in large part wild landscape was transformed into the site of the world's most productive industrial machine. It would be difficult to imagine more profound contradictions of value or meaning than those made manifest by this circumstance. Its influence upon our literature is suggested by the recurrent image of the machine's sudden entrance onto the landscape.» (L. Marx, 1964: 343).
  • 2. «Dans l'Antiquité les Grecs devaient, pour expier les pêchés du passé, envoyer chaque année sept garçons et sept vierges en Crète, dans le labyrinthe de Dédale, où le Minotaure et une mort certaine les attendaient. J'ai toujours été choquée par la dureté de cette histoire. Le pouvoir en place disait aux Grecs: "Sortez du droit chemin et nous ferons pire que vous tuer, nous tuerons vos enfants." En même temps, les parents toléraient ça.» (Propos recueillis par Sophie Benamon)
  • 3. «Nous vivons au sein d'un leurre magistral, d'un monde disparu que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Nos concepts du travail et par là du chômage, autour desquels la politique se joue (ou prétend se jouer) n'ont plus de substance: des millions de vies sont ravagées, des destins sont anéantis par cet anachronisme. L'imposture générale continue d'imposer les systèmes d'une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe, où seul un très faible pourcentage de la population terrestre trouvera des fonctions. L'extinction du travail passe pour une simple éclipse alors que, pour la première fois dans l'Histoire, l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir. Nous découvrons qu'au-delà de l'exploitation des hommes, il y avait pire, et que, devant le fait de n'être plus même exploitable, la foule des hommes tenus pour superflus peut trembler, et chaque homme dans cette foule. De l'exploitation à l'exclusion, de l'exclusion à l'élimination...? » (V. Forrester, 1996, 4e de couverture)
  • 4. C’est ainsi que The New York Times publie un article intitulé «Why China’s Political Model Is Superior?» qui a lancé une vive polémique, alors que The Times publie à son tour “Why China Does Capitalism Better than the U.S.”
  • 5. Le Urban Dictionary définit ainsi la «Génération Y»: «The offspring of Generation X and the baby boomers, born typically between the mid 1970s and mid 1990s. The affects of the previous generation’s bad parenting skills has rubbed off onto Generation Y. As a result, it’s called the “me” generation and known by its egos, superficiality, sensuality, materialism, entitlement, instant gratification, selfishness, poor work ethic, and a general lack of responsibility. Generation Y has been bombarded by violence, sex and too much information—mostly bad—being shoved down their throats by the media and our culture.»
  • 6. «Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur, ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre, et cette guerre est telle qu'elle est celle de tout homme contre homme. (…) Dans un tel état , il n'y a aucune place pour un activité laborieuse, parce que son fruit est incertain; et par conséquent aucune culture de la terre, aucune navigation, aucun usage de marchandises importées par mer, aucune construction convenable, aucun engin pour déplacer ou soulever des choses telles qu'elles requièrent beaucoup de force; aucune connaissance de la surface de la terre, aucune mesure du temps; pas d'arts, pas de lettres, pas de société, et, ce qui le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente; et la vie de l'homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève.» (Hobbes, Léviathan, I, XIII)
  • 7. Pour l’histoire du «darwinisme social» à l’américaine, Cf. entre autres N. Guétin, 2009: 108.
  • 8. «La réduction des indigènes en esclavage (…) la transformation de l’Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d’accumulation primitive qui signalent l’ère capitaliste à son aurore.» (Marx, Le Capital, I, VIII, XXI)
  • 9. «Rien dans le mécanisme du marché ne garantit l’inclusion, ou, si l’on préfère, rien n’empêche l’exclusion, parfois définitive. Le résultat le plus robuste de la théorie pure du capitalisme libéral peut s’énoncer ainsi: dans une économie régie par les lois de la concurrence pure et parfaite, où le gouvernement se garde de toute intervention, le plein emploi est assuré… parmi les survivants. Il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Ce résultat a été scientifiquement et rigoureusement établi. Sa portée est considérable en ce qu’il prouve exactement le contraire de ce que les idéologues du libéralisme voudraient nous faire accroire: l’exclusion n’est pas nécessairement la conséquence du dysfonctionnement des marchés, puisqu’elle est compatible avec le fonctionnement parfait de ces marchés.» (Jean-Paul Fitoussi, 2002: 12)
  • 10. «Je passais d'un show de téléréalité à un reportage sur la guerre quand les images se sont brouillées dans ma tête», affirme Suzanne Collins. «J'ai vu des jeunes gens faire des choses inouïes pour de l'argent et d'autres en train de disputer une véritable guerre. Il y a un frisson de voyeurisme à voir des gens se faire humilier ou souffrir que je trouve très dérangeant. Cela désensibilise le public. Du coup, quand ils sont témoins d'une véritable tragédie -via les informations-, ça n'a pas l'impact que ça devrait avoir
  • 11. En ce qui concerne la «teen dystopian novel» voir l’article du Telegraph ou les listes de Barnes and Noble ou Scholastics