Lolita, de Nabokov à la trashitude hypermoderne

Lolita, de Nabokov à la trashitude hypermoderne

 

À l'occasion du cinquantième anniversaire de la projection sur les écrans du film de Kubrick adaptant Lolita de Nabokov, nous voudrions nous pencher sur les représentations culturelles des jeunes filles dans les fictions narratives –littéraires, cinématographiques, télévisuelles et autres– des ancêtres de cette oeuvre fondatrice à notre ère hypermoderne. Lointaines héritières des pueri delicati et des doctæ puellæ romaines, ces jeunes filles couvrent une vaste gamme, des blondes «petites demoiselles» angéliques du romantisme jusques aux lolitas-trash d'aujourd'hui (Taylor Momsen, Vanessa Hudgens, Lindsay Lohan, etc.) qui inondent les émissions de télé-réalité aussi bien que les placards publicitaires ornant nos abribus et nos couloirs de métro –en passant par les nymphettes, les femmes-enfants, les lolycéennes gainsbouriennes, les mean girls américaines, les media lolitas nippones. Né, avec l'érotisme libertin des Lumières, de débris anciens, le type de la jeune fille délurée, friponne et lascive triomphe aujourd'hui: elle est le bel emblème de la société de consommation dirigée de notre culture de masse, une jolie icône de l’érotisme et de la pornographie autant qu’une figure centrale de la littérature savante. Tour à tour funeste, énigmatique et salvatrice, l’adolescente dégourdie est toujours désirable même lorsqu'elle est criminelle, non seulement parce qu’elle est fraîche et ravissante, mais aussi parce qu’elle détient le pouvoir fabuleux de ressusciter le passé et d’apaiser la crainte de l’avenir.

 

Les propositions ou contributions sur ce thème, d'ampleur assez libre (à partir de 3000 mots), sont à adresser à sebastien.hubier@univ-reims.fr ou à sebastien.hubier@sciences-po.org. Les dossiers thématiques POP-EN-STOCK, comme les articles individuels, sont à soumission ouverte. Une fois un numéro thématique «lancé», il demeure ouvert, indéfiniment, à quiconque voudrait y soumettre une collaboration. Le(s) directeur(s) d’un dossier s’engage(nt) à évaluer et éditer les nouvelles propositions à leur dossier pour une durée de deux ans, sous la supervision des directeurs de la revue.

La longueur des articles est variable. POP-EN-STOCK accepte une limite inférieure équivalente à sept ou huit pages (3000 mots), afin de favoriser la publication rapide, mais peut aussi accepter des articles beaucoup plus longs selon l’offre (n’étant pas limitée par un impératif de préservation de la forêt boréale).

 

Blogue associé: Lolita Forever.

 

 

Soumis par Macha Ovtchinnikova le 2/07/2014
Catégories: Erotisme, Cinéma

En mars 1963, Louis Marcorelles publie dans les Cahiers du cinéma une critique consacrée à Lolita de Stanley Kubrick intitulé «Témoignage dévastateur». Au-delà du sarcasme mordant, Marcorelles souligne l’intense tragique qui se dégage de l’œuvre: «Une société bourgeoise se met littéralement en scène du soir au matin, pour se convaincre de sa qualité particulière.

Soumis par Anais Clerc-Bedouet le 12/05/2014
Catégories: Erotisme

Dans son film Paradis: Espoir, tourné en 2011, le scénariste et réalisateur autrichien Ulrich Seidl raconte et met en scène l'histoire d'une adolescente de treize ans, Melanie, qui, alors qu'elle passe ses vacances dans un camp d'amaigrissement, tombe amoureuse du médecin diététicien, d'une quarantaine d'années son aîné.

Soumis par Sophia Leventidi le 22/10/2013
Catégories: Erotisme, Littérature

Le lien entre l’enfance et la féminité constitue pour les surréalistes français un sujet qui occupe une place capitale dans leur univers érotique. Héritier du romantisme allemand, des poètes comme Baudelaire, Ducasse ou Apollinaire, et effectivement des découvertes psychanalytiques au sujet de la sexualité infantile, le surréalisme français fait de l’image de la «femme-enfant» le symbole parfait de la fusion entre l’érotisme féminin et la jeunesse, la naïveté et la pureté éternelles.

Soumis par Alexia Gassin le 25/04/2013
Catégories: Erotisme, Fiction

Le livre Au secours pardon, paru en 2007, se présente comme la suite du roman 99 francs, publié en 2000: à sa sortie de prison où il a été incarcéré pour complicité de meurtre, le protagoniste, ancien publicitaire, devient talent scout et se voit chargé de recruter le nouveau visage de la société de cosmétiques mondialement connue L’Idéal.

Soumis par Sébastien Hubier le 11/11/2012
Catégories: Erotisme

L’auteur de Lolita connaissait très précisément le treizième chapitre de Ulysses de Joyce, «Nausicaa», dont il avait donné le commentaire à ses étudiants de Cornell –commentaire ensuite publié dans le premier volume de ses essais,

Soumis par Xavier Martel le 7/11/2012
Catégories: Erotisme

Lolita se définit par son mouvement souple devant toutes situations; elle prend la forme que l’on attend d’elle pour ensuite, après avoir convaincu la figure d’autorité de son bon vouloir (surtout Humbert), agir à sa guise et s’enfuir. En surface, elle est lisse et malicieuse; en profondeur désespérée et vide, la distinction entre ces deux niveaux opérant par le mensonge.

Soumis par Xavier Martel le 7/11/2012
Catégories: Erotisme

«Il se pourrait que les enfants soient plus conformistes que les adultes et que nous ne nous rendions pas compte de cela pour la raison qu’ils vivent en guerre avec les adultes et qu’ils sont contraints de manifester leurs habitudes en secret. En fait, l’effort des adultes est de briser toutes les habitudes des enfants, parce qu’ils soupçonnent en celles-ci un nœud de résistance et d’anarchisme.» (C. Pavese, p.197.)

Soumis par Sébastien Hubier le 18/10/2012

Ce que les séduisantes adolescentes ont en commun avec la femme fatale, c’est que l’amour qu’elles portent à leur soupirant est essentiellement narcissique. Leur représentation romanesque se fonde sur une reviviscence des composants les plus archaïques de l’Œdipe, sur un désinvestissement –voire une hostilité ou un dégoût– des imagos parentales sexuées, et, curieusement, dans le même temps, sur un double mouvement d’exécration et d’adoration du corps propre.

Soumis par Sébastien Hubier le 18/10/2012
Catégories: Erotisme

Elle «était une frêle adolescente de dix-neuf ans; elle avait des cheveux clairs et soyeux, et une petite bouche pulpeuse. Ses yeux gris, traversés d’une ombre verte, ne manquaient jamais, lorsqu’elle parlait à quelqu’un, de regarder en l’air, la faisant ressembler à une petite madone perverse.» C’est en ces termes que Joyce évoque Polly Mooney, l’héroïne de «La Pension de famille», nouvelle écrite en 1905 et publiée, considérablement remaniée, en 1914, dans Dublinois.