To Pop Or Not To Pop: Les classiques «popifiés»

To Pop Or Not To Pop: Les classiques «popifiés»

 

De tout temps, les adaptations (théâtrales puis cinématographiques, mais aussi bédéiques, etc.) ont joué sur la possibilité d'élargir le public des œuvres originales, transférant la légitimité institutionnelle de certains textes canoniques de la culture savante dans des productions populaires, fut-ce au moyen de transformations majeures en vue de satisfaire d'autres goûts (et autres habitus). Mais notre ère néobaroque, empreinte de réflexivité et de métamorphoses, connaît ce que Peter Brooker désigne comme «l'émergence d'une culture de l'adaptation plus intensément palimpsestique, ironique et autoréflexive», comme le prouvent des œuvres telles que le Dracula de Coppola (1992), le Romeo + Juliet de Baz Luhrmann (1996), le Mansfield Park de Patricia Rozema's (1999) ou le Vanity Fair télévisuel de Andrew Daviess (1998). À cela s'ajoute désormais la pratique des «réimaginations» modernisantes (Easy A10 Things I Hate About YouClueless Crime and Punishment in Suburbia,etc) ainsi que toutes les modalités d'expansion métapop que l'on connaît (séquelles, préquelles, reboots, visions alternatives, spin-offs), qui vont du Pride & Prejudice & Zombies de Seth Grahame-Smith (2009) à la cohorte de «mashups littéraires» qu'il a déversé sur les étaux virtuels d'Amazon.

Dans Film Adaptation and Its Discontents, Thomas Leitch proclame que la seule façon de sauver l'adaptation d'un «futur sombre et servile» est d'adopter une vision «scripturale» ("writerly") et non plus servilement «lectrice» ("readerly"), les «textes ne restant vivants que dans la mesure où ils peuvent être réécrits». De l'acculturation passive (basée sur le respect béat de la canonisation traditionnelle), on passerait, dès lors, à un nouveau regard qui privilégie «l'engagement, l'analyse et le débat raisonné» (id). Ces belles paroles recouvrent, comme toujours dans les industries culturelles, une pratique bien plus pragmatique à l'œuvre: ouvrir des nouvelles niches de marché en visant des jeunes de moins en moins cultivés en humanités classiques, tout en gardant l’«appeal» pour des catégories plus âgées ou dotées de «capital culturel». Pour cela, selon la distinction bourdieusienne, force est de passer de la «distanciation esthétique» et du «formalisme impeccable» chers aux élites à la demande de participation et le «désir d'entrer dans le jeu» des classes populaires.

D'où les «guerres culturelles» autour de ces opérations. S'agit-il d'un pur abêtissement pour les masses des classiques en vue d'un «dumbing down» généralisé (que celui-ci soit vu comme la cause ou la conséquence du premier), comme aurait tendance à le prouver, par exemple, l'«harlequinisation» de Jane Austen? Peut-on, sous prétexte d'aggiornamento et de «coolification», allègrement affirmer qu'Austen écrivit le «Sex and the City de son temps»? Et qu'affirme-t-on véritablement par là? À trop vouloir manipuler les textes pour les rendre «séduisants» au public contemporain (notamment à travers les lectures politiquement correctes) ne risque-t-on pas de commettre le «péché entre tous irrémissibles» contre l'histoire, le «péché d'anachronisme» selon les termes de Lucien Febvre?

Plutôt que réactiver une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, nous nous attacherons ici à analyser les différentes voies de la «popification» des classiques, leurs modalités de transformation et le(s) sens profond de ce qu'il en advient.

 

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Soumis par Julie Levasseur le 3/07/2018

Les Années folles battent leur plein lorsque paraît le troisième roman de l'écrivain américain F. Scott Fitzgerald, The Great Gatsby, en 1925. L'œuvre littéraire «[combinant] une histoire d’amour et d’ambition, une tragédie morale, une satire de mœurs et l’exposé d’un double fait divers» (Bessière, 1972: 101) a depuis fait l'objet de dizaines d'adaptations: pièces de théâtre, ballets, opéras, comédies musicales, lectures radiophoniques et, bien sûr, productions cinématographiques (Auger, 2015).

Soumis par Kevin Voyer le 20/04/2015

 

À première vue, la téléréalité contemporaine est très éloignée du genre romanesque français des XVIIe et XVIIIe siècles. Non seulement les deux objets artistiques sont distants dans le temps, mais ils n’appartiennent également pas au même genre. La téléréalité est un genre télévisuel, avec ses codes et sa technique particulière tandis que le roman sous l’Ancien Régime français est un genre littéraire doté de codes complètement différents.

Soumis par Laurence Gilbert le 19/02/2014
Catégories: Esthétique

L’adolescence, véritable pont entre l’enfance et l’âge adulte, est synonyme d’une grande métamorphose, autant physique que psychologique. Celle-ci, perçue d’une manière utopique et romanesque, intéresse bien vite le cinéma, qui s’empare de l’image et de l’imaginaire de ces jeunes pour créer les «films d’ado». Ces films deviennent rapidement un genre populaire, avec ses propres codes et thématiques.

Soumis par Laurence Gilbert le 18/02/2014
Catégories: Féminisme

Dans la société de consommation où tout devient un produit de vente, la paralittérature se métamorphose rapidement. Ainsi, sur une période de quelques années, un genre peut être particulièrement vendeur pour devenir, ensuite, complètement désuet. Le phénomène de la Chick lit, par contre, demeure une tendance depuis plus de 17 ans. L'auteure Helen Fielding, pointée comme étant la précurseure de ce genre postféministe, s’inspire d’abord de l’œuvre d’une autre britannique pour écrire la sienne.