Sexurbia, les banlieues du désir

Sexurbia, les banlieues du désir

Soumis par Antonio Dominguez Leiva le 24/04/2013
Catégories: Erotisme

 

Rien ne vouait, a priori, la banlieue à l'érotisme dionysiaque. Rêve édénique, la «banlieusation» de l'Amérique d'après-guerre était avant tout une promesse de refondation symbolique de la Nation. Prolongeant la tradition idéologique qui a volontiers représenté l'Amérique rurale comme un Paradis continuellement perdu et son industrialisation comme une Chute symbolique, il s'agissait d'une sorte de retour aux sources, loin de la Ville corruptrice.

Or, en vertu d'une logique toute bataillienne ce rêve hétérodirigé de pureté radicale va vite devenir la cible de toutes les transgressions érotiques et, comme telle, un prodigieux embrayeur de fantasmes. La banlieue est désormais le lieu de tous les excès sexuels, dont le signe univoque, qui résumera à lui tout seul ce tournant du conformisme en Gemeinschaft érotique, est la panique morale des «swingers». Amplificateur des inquiétudes culturelles que génèrent ces nouveaux espaces de la polis devenus lieux de l'uniformité standardisée où l'on se trompe de femme comme de voiture ou de palier, mais aussi espaces du secret, du mensonge et de la transgression, ce courant majeur de la paralittérature des sixties (auquel fera écho, on le verra, le paracinéma sexploitation) annonce à la fois la révolution sexuelle qui allait transformer l'édénisme américain et les craintes qu'elle allait nolens volens véhiculer et dont témoigne, encore aujourd'hui la bivalence du discours social à son égard...

Écoutez ici l'analyse de Antonio Dominguez Leiva à l'émission «Plus on est de fous plus on lit» sur les ondes de ICI Radio-Canada Première.