Alien, une tératogonie de l'abjection

Alien, une tératogonie de l'abjection

 

«Il y a une chose qui perturbe tout le monde et c'est le sexe... Je me suis dit: c'est comme ça que je vais attaquer le public; je vais l'attaquer sexuellement. Et je ne vais pas cibler les femmes dans l'audience, je vais attaquer les hommes. Je vais mettre toutes les images susceptibles de leur faire croiser leurs jambes de crainte. Viol oral homosexuel, reproduction... la chose pondant ses œufs dans votre gorge, la totale…» C'est ainsi que Dan O'Bannon, le scénariste du mythique Alien (1979) décrivait rétrospectivement la genèse d'une création qui changea durablement l'imaginaire phobique contemporain.

Oeuvre hybride à l'image de sa créature éponyme, fusionnant le body horror le plus extrême avec les codes de la science-fiction, mais aussi le thriller, le monster movie, le drame en huis clos, voire le slasher (avec notamment l'érection de la Final Girl en antagoniste ambivalent du Monstre), Alien ne lança pas seulement une des franchises les plus populaires et tenaces de l'âge des blockbusters sériels mais consolida un sous-genre liminaire (le sci-fi horror) et, partant, devint une des métaphores les plus obsédantes de l'altérité pour dire la débâcle cauchemardesque de l'Amérique à la fin des seventies.

Après avoir suscité dès sa sortie de nombreuses interprétations psychanalytiques, féministes et marxistes, la saga inaugurée par le film de Ridley Scott s'est retrouvée récemment au centre d'un débat passionnant provoqué par le livre de Stephen Mulhall intitulé On Film, opposant les tenants de la philosophie du cinéma aux partisans de la philosophie ou encore «critique philosophique» des films.  C'est dans le sillage de toutes ces approches critiques que nous proposons de revenir sur cette créature dont l'ombre protéiforme ne cesse de nous hanter. Pour cela nous prendrons en compte autant le corpus canonique de la «franchise» cinématographique, incluant la tétralogie, ses crossovers (le diptyque qui confronte le Monstre au grand chasseur interplanétaire Predator) et ses spin-offs (dont le polémique Prometheus, 2012) que ses multiples ramifications transmédiatiques (les comic books, les jeux vidéos, voire la littérature, des novélisations initiales aux œuvres originales de J. Shirley ou D. Evenson). Seront aussi envisagés les différents remaniements du mythe, des nombreuses imitations (avec notamment le cycle de l'Alienomanie italienne, de Contamination à Xtro) aux franches parodies

 

N'hésitez pas à nous envoyer vos textes. Les dossiers thématiques POP-EN-STOCK, comme les articles individuels, sont à soumission ouverte. Une fois un numéro thématique «lancé», il demeure ouvert, indéfiniment, à quiconque voudrait y soumettre une collaboration. Le(s) directeur(s) d’un dossier s'engage(nt) à évaluer et éditer les nouvelles propositions à leur dossier pour une durée de deux ans, sous la supervision des directeurs de la revue.

La longueur des articles est variable. POP-EN-STOCK accepte une limite inférieure équivalente à sept ou huit pages (3000 mots), afin de favoriser la publication rapide, mais peut aussi accepter des articles beaucoup plus longs selon l'offre (n'étant pas limitée par un impératif de préservation de la forêt boréale).

 

Soumis par Marika Moisseeff le 28/06/2013
Catégories: Extraterrestres

La scène qui ouvre le premier épisode des aventures d'Alien avec une femme lieutenant nommée Ripley, nous plonge dans l'espace clos d'un vaisseau spatial recelant des berceaux de verre où les personnages, deux femmes et cinq hommes, sont en "hypersommeil". "Mère", l'ordinateur qui commande le "vaisseau-mère", les éveille et leur donne pour mission d'aller explorer une planète d'où vient d'émaner un message signalant la présence d'un organisme vivant.

Soumis par Marika Moisseeff le 27/06/2013
Catégories: Extraterrestres

«Car au temps jadis, la mère avait la puissance (mana). (...) c'est la mère qui était le réceptacle ('oto). (...) C'est elle qui est le réceptacle où est déposé (vai'ia) l'enfant. Comment pourrait-ce être la puissance (mana) du père? Il s'écarte (tapae) et c'est fini!»
Vari'i, Enregistrement Henri Lavondès 1966 - A – 24

Soumis par Hugo Clémot le 12/06/2013
Catégories: Extraterrestres

Malgré la double adversité du chauvinisme masculin et de l’alien, Ripley va avoir le courage de continuer à s’exprimer au point de réussir à faire entendre sa voix jusqu’au bout. Or, on peut trouver une dernière confirmation de ce que la menace que fait peser l’alien, c’est bien celle d’une perte de confiance en soi, d’un scepticisme paralysant qui empêche l’individu de s’accomplir avec les autres et au milieu d’eux, en faisant le parallèle entre cette séquence et la dernière séquence d’Hantise.

Soumis par Hugo Clémot le 12/06/2013

«La science-fiction va chercher en nous nos peurs et nos espoirs les plus profonds puis nous les montre grossièrement déguisés: le monstre et la fusée.»

Soumis par Hugo Clémot le 11/06/2013
Catégories: Extraterrestres

Le livre récemment traduit Alien. La genèse d’un mythe, décrit l’une des premières projections du film à Dallas au Texas, au printemps 1979, dans les termes suivants: «On raconte que quelqu’un est tombé et s’est cassé le bras. Des spectateurs se seraient battus pour s’approprier des places plus éloignées de l’écran. La femme de Ladd Jr., devenue son ex-femme depuis, refusa de sortir de chez elle pendant une journée et demie. À un moment, un ouvreur est même tombé à la renverse, terrassé par la scène où Ash se fait arracher sa tête synthétique…»