Mad office: l’emprise de l’idéologie sur nos identités personnelles et professionnelles
Au début du XVIIe siècle, un jeune poète anglais du nom de John Milton rêve d’écrire une grande épopée destinée à glorifier l’histoire de l’Angleterre. Toutefois, 30 ans plus tard, alors qu’il est devenu aveugle, il dictera plutôt à son copiste «Le Paradis perdu» (1657), poème théologique racontant la lutte de Satan contre Dieu lui-même, alors qu’il tente de corrompre les créatures de Dieu, Adam et Ève, en les incitant à goûter au fruit défendu, celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Trois siècles plus tard, ce poème de Milton inspirera un adolescent britannique du nom de Philip Pullman (1946-), qui est fasciné par le personnage de Satan, être perfide selon Milton. Or, le jeune Pullman ne peut s’empêcher de voir le Diable comme le Sauveur de l’humanité, comme l’être ayant permis aux hommes de voir le monde de manière claire et lucide, ce qui, des années plus tard, l’amènera à réécrire l’histoire du péché originel sous la forme d’une trilogie romanesque.
L’univers miroir finit par ne plus paraître si étrange, ou du moins autant qu’il est «familier» comme le remarque Stan Hunter Krank. Les personnages qui y évoluent ne sont plus filmés comme des antagonistes. Au contraire, la caractérisation effectuée jusqu’ici sert de base aux scénaristes. Ces personnages nouveaux n’ont droit à aucune véritable exposition, et le spectateur suit leurs aventures comme s’il s’agissait des personnages qu’il connaissait déjà. Rien dans la narration n’indique de brisure réelle entre la construction de ces personnages fictifs qui forment des réseaux comparables avec d’autres personnages et endossent les mêmes rôles thématiques.
Continuité rétroactive et multiplication des points de vue: les attentats du 11 Septembre 2001 passés par le prisme de la série «Fringe»
Certaines œuvres sont marquées par leur contexte de production beaucoup plus fortement que d’autres. Les transgressions entre la culture d’élite et la culture populaire ont permis à différents auteurs de traiter de réalités populaires dans des œuvres marquantes pour l’art et la culture. Revolutionary Road, écrit en 1961 par Richard Yates, relate les effets de la vie banlieusarde et de ses idéologies sur le quotidien d’êtres anticonformistes. L’adaptation cinématographique de Samuel Mendes, faite en 2008, reprend le fil conducteur de l’histoire, mais amincit le propos en élaguant certains éléments primordiaux de l’œuvre littéraire.
Samedi dernier, lors d'une réunion du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord à Treviglio, le très polémique sénateur Roberto Calderoli déclara à propos de la ministre italienne d'origine congolaise, Cecile Kyenge: «Je me console quand je surfe sur internet et que je vois les photos du gouvernement. J'aime les animaux, les ours et les loups comme tout le monde sait, mais quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un.» Cette «blague sympathique», selon les dires de Calderoli, a été reprise par des cyberactivistes qui ont échangé la page Wikipédia de la ministre par celle du Pongo, genre de la famille des hominidés auquel appartiennent les orangs-outans.
Il aura suffi de 100 jours pour qu'un projet de hausse des frais de scolarité du l’enseignement supérieur aboutisse à l’érection d’une loi autoritaire aux accents proto-fascistes. On peut y voir la dérive ultime du projet électoraliste d’un politicien manipulateur et de plus en plus imbu de sa fonction quasi-monarchique, voulant incarner le Sauveur providentiel du parti de l’Ordre face aux factions turbulentes du désordre tant haï de «sa» «majorité silencieuse».